Des centaines de ressortissants ivoiriens en Tunisie ont protesté lundi contre le meurtre du chef de leur communauté victime d'une attaque qu'ils ont qualifié de "raciste".
Falikou Coulibaly est-il mort suite à une agression raciste ? Des centaines de ressortissants de Côte d'Ivoire ont manifesté lundi 24 décembre à Tunis pour protester contre le meurtre du chef de leur communauté en Tunisie, dans une attaque qu'ils ont qualifiée de "raciste".
Falikou Coulibaly, qui dirigeait l'Association des Ivoiriens de Tunisie, a été tué lorsque deux hommes ont tenté de lui voler son téléphone dimanche soir, selon les autorités. "Deux hommes l'ont attaqué et l'ont poignardé", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la sûreté nationale, qui a fait état de l'arrestation de cinq personnes en lien avec ce meurtre.
Un millier de personnes s'est rassemblé devant l'ambassade de Côte d'Ivoire dans la capitale Tunis, criant des slogans comme "Pour que cela ne se reproduise pas en Tunisie" et brandissant des banderoles sur lesquelles était écrit : "Paix, justice et liberté". Les forces de sécurité étaient déployées en force autour des manifestants.
"C'est un crime raciste", a affirmé Naounou Herman, secrétaire général de l'Association des Ivoiriens en Tunisie. "Nous organisons cette manifestation pour montrer au monde que nous sommes fatigués de la violence contre nous tout le temps […]. Koulibaly a été tué parce qu'il voulait défendre ses frères et ses sœurs", a-t-il ajouté.
Une loi criminalisant des propos racistes
La Ligue tunisienne des droits de l'Homme a appelé dans un communiqué les autorités à "garantir la sécurité de tous les citoyens", dont les étrangers. Des associations, comme l'Association des Ivoiriens de Tunisie, se font régulièrement l'écho d'agressions visant des personnes en raison de leur couleur de peau. En août, une femme ivoirienne qui avait réagi à des insultes à Tunis avait été violemment frappée.
En octobre, le Parlement tunisien avait voté une loi attendue de longue date criminalisant les propos racistes, l'incitation à la haine et les discriminations, une avancée qualifiée "d'historique" par les associations défendant les minorités.
"L'incitation à la haine", les "menaces racistes", la "diffusion" et "l'apologie du racisme" ainsi que la "création" ou la "participation à une organisation soutenant de façon claire et répétitive les discriminations" sont passibles de un à trois ans de prison, et jusqu'à 3 000 dinars (890 euros) d'amende.