Eusebio, la panthère noire, est décédé

Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI

Surnommé la "panthère noire", Eusebio, décédé dimanche à 71 ans, a régné sur le football portugais et européen des années soixante et offert à son pays et à son club de Benfica leurs plus belles heures de gloire internationale.

Déjà hospitalisé à plusieurs reprises, Eusebio da Silva Ferreira est mort d'un arrêt cardio-respiratoire à 04H30 GMT à Lisbonne, selon son ancien club Benfica.
 

Fin juin 2012, il avait été admis à l'hôpital da Luzde Lisbonne à Lisbonne à la suite d'un accident vasculaire cérébral (AVC) avant de quitter l'établissement une dizaine de jours plus tard.
 

"Eusebio sera toujours éternel. Repose en paix", a écrit Cristiano Ronaldo, la vedette de la sélection portugaise, dans un message posté sur son compte Facebook à côté d'une photo où il pose avec Eusebio.
 

Toujours présenté comme le meilleur footballeur portugais de tous les temps, "le Roi" a rivalisé avec les plus grands de son époque: en premier lieu Pelé, l'Argentin Di Stefano mais encore l'Anglais Bobby Charlton.
 

"J'ai été meilleur joueur du monde, meilleur buteur du monde et d'Europe. J'ai tout fait, sauf gagner un Mondial", disait Eusebio dans une interview fin 2011, se rappelant encore des larmes versées après la demi-finale perdue par le Portugal face à l'Angleterre (2-1), pays-hôte, au Mondial de 1966.
 

Né le 25 janvier 1942 à Maputo, capitale du Mozambique, alors une colonie portugaise, le jeune homme issu d'une fratrie de huit enfants a été recruté à 19 ans par le Benfica Lisbonne pour ses exceptionnelles qualités techniques et physiques.
 

En 1962, il remporte l'ancêtre de la Ligue des champions, la Coupe d'Europe des clubs champions, en signant deux des buts d'une finale d'anthologie face au Real Madrid de Puskas et Di Stefano (5-3).
 

Les 733 buts en 745 matches qu'a compté l'ensemble de sa carrière en disent long sur ce redoutable attaquant, véloce, très technique et précis, deux fois Soulier d'Or (meilleur buteur européen) en 1967/68 et en 1972/73.
 

Classe et talent


En 1964, la convoitise des plus grands d'Europe est stoppée net par le dictateur Antonio Salazar, qui empêche Eusebio de rejoindre l'Inter Milan pour en faire, à l'instar de la diva de la chanson Amalia Rodrigues, une des icônes du Portugal des "trois F": fado, football et Fatima.
 

"Ma politique c'est un ballon", expliquait récemment cet homme simple et humble, niant toute sympathie pour le régime. Le joueur reste alors 15 ans au Benfica, avec lequel il remporte 11 championnats nationaux, cinq Coupes du Portugal et dispute, après la victoire de 1962, trois autres finales en Coupe des champions.
 

En 1968, lors de sa dernière finale de C1, il fait preuve d'une classe à la hauteur de son talent, en félicitant chaleureusement le gardien de Manchester United Stepney qui venait de remporter leur duel. L'image est restée dans les mémoires.
 

Jusqu'à l'âge de 71 ans, il n'a cessé d'afficher sa passion pour le club lisboète, qui lui a érigé une statue devant le stade de la Luz.
 

Elu Ballon d'or 1965, Eusebio devient le premier joueur noir à obtenir cette distinction, attribuée par le magazine France Football au meilleur joueur européen. Sa puissance et son agilité écriront également une des pages d'histoire de l'équipe du Portugal, qui obtient la troisième place de la Coupe du monde de 1966.
 

Meilleur buteur du tournoi avec neuf réalisations, Eusebio est également considéré comme le meilleur joueur de cette édition. Son record de 41 buts en 64 matches pour la "Selecçao" ne sera battu qu'en 2005, par l'ancien attaquant du Paris Saint-Germain Pedro Pauleta.
 

Eusebio quitte le Benfica en 1975 mais, en dépit de six opérations au genou gauche, il ne prend sa retraite que trois ans après, suite à de brefs passages par des clubs américains et des équipes portugaises de seconde catégorie.
 

Il devient alors ambassadeur du Benfica et de la Fédération portugaise de football. Toujours présent lors des grands rendez-vous, plusieurs générations de joueurs ont ainsi pu côtoyer la légende. Parmi eux, le jeune Cristiano Ronaldo, actuel capitaine du Portugal et le seul à même d'espérer un jour détrôner "le roi".
 

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