Messi, Ronaldo et Suarez: les joueurs les plus chers au monde

L'Observatoire du football du Centre international d'étude du sport (CIES) publie son Annual Review 2014: valeur des joueurs et performances individuelles et collectives des clubs des plus grands championnats y sont décryptées.

Sur un terrain de football, quand deux joueurs ne se quittent pas, les spécialistes parlent de marquage à la culotte. C'est bien ce qui arrive avec les deux stars planétaires actuelles du ballon rond: Depuis plusieurs années, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo sont au sommet de la planète football. Depuis 2008 (sauf en 2010), ces deux joueurs ont systématiquement occupé les deux premières places au classement du Ballon d'Or, qui récompense le meilleur footballeur au monde. Mais le duo de buteur est aussi au top pour la valeur marchande. C'est ce que confirme la nouvelle édition de l'Annual Review 2014 de l'Observatoire du football du Centre international d'étude du sport à Neuchâtel.

Le classement des joueurs établi en se basant sur un très vaste corpus de données collectées depuis cinq ans place l'ailier portugais et l'attaquant argentin au-delà de la barre des 100 millions d'euros de valeur: entre 200,2 et 232,6 millions d'euros pour le prodige argentin, et entre 105,7 et 122,9 millions d'euros pour l'actuel détenteur du Ballon d'Or. Un troisième joueur passe la barre des 100 millions d'euros, mais seulement en fourchette haute: l'Uruguayen Luis Suarez, qui joue au Liverpool FC. Aucun joueur suisse ne figure dans les 60 premiers du classement.

 

Le PSG a aligné une équipe à 220 millions d'euros

«Pour établir ce classement, nous nous sommes basés sur toutes les données disponibles des dernières années, avec plus de 1500 transferts enregistrés depuis 2009, mais aussi les performances individuelles (nombre de matchs joués, de buts inscrits, de passes réalisées), celles des clubs et celles des sélections nationales, l'âge: tout ce qui est mesurable et quantifiable», explique Raffaele Poli, responsable de l'Observatoire du football et co-auteur de l'enquête avec Loïc Ravenel et Roger Besson. Grâce à ce corpus de datas, les chercheurs ont pu bâtir un modèle définissant la valeur que les clubs seraient prêts à payer pour un joueur.

Et certains clubs n'hésitent pas à débourser des sommes importantes. Lors de la saison écoulée, le Paris Saint-Germain (PSG) a aligné un «onze» (équipe de titulaires) dont le prix moyen de chaque joueur était de 20 millions d'euros en championnat, soit une équipe à 220 millions d'euros en moyenne. Un titre de champion a couronné ces moyens colossaux mis à la disposition de l'entraîneur. Le second club du championnat de France, l'AS Monaco, n'atteignait que 10 millions d'euros par joueur, soit moitié moins.

Le record se situe en Espagne: le Real Madrid a affiché un «onze» moyen à 30,7 millions d'euros pendant la saison 2013/2014 en championnat (et supérieur à 32 millions d'euros en Ligue des Champions). Un record qui lui a valu d'accrocher la «decima» (sa dixième Ligue des Champions)... mais qui n'a pas suffi pour décrocher le titre national de champion. Le club madrilène a été devancé à la deuxième place par le FC Barcelone (12,9 millions en moyenne par joueur) et surtout par l'Atlético Madrid, pourtant «seulement» 3e budget par joueur de la Liga espagnole (4,3 millions d'euros).

 

Différentes stratégies d'achat


Ces dernières années, les liens entre puissance économique et résultats sportifs des clubs ont été renforcés. «La dernière vraie surprise avec un "petit club" vainqueur de la Ligue des Champions remonte à 2004 avec la victoire de Porto contre Monaco; depuis, la victoire a été réservée à des clubs qui ont de très gros moyens», constate Raffaele Poli.

Cependant, dans la galaxie des clubs aux très gros moyens financiers, les stratégies sont différentes. Ainsi, certains vont constamment ouvrir le portefeuille, soutenus par de généreux mécènes et sponsors: Roman Abramovitch à Chelsea, Dmitri Rybolovlev à Monaco, le Qatar à Paris ou les Emirats Arabes Unis à Manchester City. D'autres vont s'appuyer sur leurs centres de formation et les jeunes qui en sortent pour «former l'ossature de l'équipe et concentrer d'importants moyens économisés ainsi pour assurer la venue de stars aux postes où les besoins se font sentir», glisse le chercheur. Et de citer alors les exemples du FC Barcelone et du Bayern Munich.

Le modèle développé par l'Observatoire du football reste évolutif. Car les fluctuations sont importantes dans la valeur estimée des joueurs. Raffaele Poli cite ainsi l'exemple de l'attaquant de l'Atlético Madrid Diego Costa: «Sa valeur est aujourd'hui estimée entre 46,9 et 54,5 millions d'euros. L'an dernier, il était sous la barre des 40 millions. Si jamais son club rééditait les résultats exceptionnels de cette saison l'an prochain et que lui-même réalisait des performances similaires, sa cote dépasserait à coup sûr les 60 millions d'euros. Sinon, elle pourrait vite chuter».

Et ce modèle amène aussi des surprises. Le responsable de l'Observatoire distingue ainsi les cas de deux joueurs achetés par le Real Madrid: «Tout le monde avait estimé que les 93 millions d'euros déboursés en 2009 pour Cristiano Ronaldo étaient exagérés, alors que nos statistiques montraient qu'il était acheté sous sa valeur réelle. A contrario, Gareth Bale acheté 100 millions d'euros à l'été 2013, ne valait selon nos estimations que 48 millions d'euros». Car, si la relation entre moyens financiers et résultats sportif devient une règle (avec quelques rares exceptions), il reste encore des choix d'investissements et de chèques pour des transferts qui restent des coups de coeur de dirigeants, se libérant des estimations et des valeurs intrinsèques.

 

 

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