Messi, le Ballon dort

Désigné à la surprise générale meilleur joueur de la Coupe du monde 2014, Lionel Messi a surtout déçu, une nouvelle fois dans une rencontre décisive, lors de cette finale Allemagne-Argentine (1-0, ap). La "Pulga" n’a pas pu faire la différence lors de ses rares accélérations.

Le visage boudeur, l'air presque indifférent, Lionel Messi descend mollement les marches qui mènent du podium à la pelouse. Le quadruple Ballon d'Or vient de perdre la finale de la Coupe du monde en prolongation contre l'Allemagne sans avoir jamais vraiment pu influer sur le cours de la rencontre, si ce n'est sur une frappe trop croisée en première période. C'est presque la stupeur au Maracana lorsque l'assistance se rend compte que le trophée que l'Argentin tient entre les mains est celui du meilleur joueur de la compétition élu par la Fifa.

L'idée n'est pas de remettre en cause le talent monstrueux et sans commune mesure du Barcelonais. Sur ses qualités propres, ses accomplissements en carrière et l'impact sur sa génération, Messi a déjà tout ou presque d'une légende de son sport. Mais le célèbre numéro 10 n'a pas été l'homme le plus en vue du tournoi et à peine le plus déterminant de son équipe. On retiendra certes qu'en phase de poule, "La Pulga" a marqué contre la Bosnie (2-1), l'Iran (1-0) et le Nigeria (3-2), des adversaires tous largement à la portée de l'Albiceleste et où la star a été plus efficace que réellement impressionnante. En phase finale, ce sont Angel Di Maria (contre la Suisse), Gonzalo Higuain (face à la Belgique) et le portier Sergio Romero (contre les Pays-Bas), qui ont tour à tour délivré leur pays. Lors des deux derniers matches particulièrement, les analystes se sont arrachés les cheveux pour comprendre ce qui clochait dans le jeu de Messi pour qu'il soit si discret sur le terrain.

 

Et Müller ?

Lors de cette finale contre l'Allemagne, le natif de Rosario est une nouvelle fois resté dans l'ombre, laissant ses compères du milieu de terrain et de la défense briller par leur ténacité sans pouvoir peser lors des rares fois où il s'est retrouvé en situation favorable. Sans aller jusqu'à dire que la Fifa a voulu ménager sa susceptibilité, on peut affirmer sans trop se mouiller qu'il y avait plusieurs joueurs qui auraient davantage mérité cette distinction. On aurait par exemple préféré voir l'un des symboles de la cohésion collective allemande être récompensé, Philipp Lahm, le capitaine, ou Bastian Schweinsteiger, le métronome, en particulier. Thomas Müller, dauphin de Messi selon l'instance du football européen, aurait lui aussi pu s'octroyer ce titre grâce à des prestations aussi efficaces (5 buts) qu'éclatantes en termes de distribution du jeu et de créativité.

Aussi individualiste et égoïste soit-il, Arjen Robben a lui rappelé à tout le monde que son talent de provocateur et de perforateur de défenses restait sans égal. Ses exploits ont permis à des Néerlandais plus solides que plaisants à voir jouer de dépasser les attentes et de décrocher le bronze. Chez les outsiders, on aurait également pu imaginer une consécration pour James Rodriguez, phénoménal avec la Colombie et meilleur buteur de la compétition. Le peu de plaisir qu'a ressenti Lionel Messi au moment de recevoir sa statuette en disait long. Lui-même n'était pas convaincu d'être l'homme adéquat pour serrer la main de Sepp Blatter. Le Suisse aurait sans doute dû offrir ce trophée a un joueur qui ne l'aurait pas rangé dans ses cartons en rentrant chez lui. Au sein de son immense collection, on doute que "La Pulga" accorde une place de choix à ce "Player of the Tournament Award"...

 

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Dernière modification le lundi, 14 juillet 2014 09:30