Audi-Porsche : duel fratricide au Mans

Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI

Les allemandes sont les grandes favorites d’une très prometteuse 83e édition des 24 Heures ce week-end.

 11 juin 1955, le drame. 83 spectateurs et le pilote Pierre Levegh trouvent la mort au Mans dans ce qui reste, à ce jour, la plus grande catastrophe de l’histoire du sport automobile. À l’heure de célébrer les 60 ans de cette terrible tragédie, il se murmure que la 83e édition des 24 Heures pourrait bien entrer elle aussi dans les annales, mais de manière beaucoup plus réjouissante. Car le spectacle s’annonce grandiose, ce week-end sur le circuit de la Sarthe (13,629 km). La raison? Un plateau exceptionnel dans la catégorie reine des LMP1, ces bolides à la gueule d’enfer et au quotient émotionnel supérieur à celui des désormais très (trop?) sages Formule 1. D’un côté, le clan des favorites allemandes, Audi et Porsche, dont le duel fratricide (les deux marques appartiennent au groupe Volkswagen) devrait faire des étincelles. De l’autre, un duo de géants nippons, Toyota et Nissan, en quête d’un premier succès au Mans. Au total, 56 voitures réparties dans quatre catégories prendront le départ samedi à 15 heures.
 

Triplette magique chez Audi
 

Vainqueur de 13 des 15 dernières éditions, Audi vise une 6e victoire de rang dans l’épreuve pour égaler Ferrari (premier de 1960 à 1965). Seul Porsche a fait mieux en régnant sans partage durant sept ans dans les années 1980. L’équipe du Dr Wolfgang Ullrich a les atouts pour prolonger sa domination en terres sarthoises. D’une fiabilité redoutable, sa R18 e-tron Hybrid a remporté les deux premières manches du Championnat du monde d’Endurance (WEC) à Silverstone et Spa avec au volant sa triplette magique composée de Marcel Fässler, André Lotterer et Benoît Tréluyer. Sacré en 2011, 2012 et 2014 au relais des deux Allemands, le Français a l’occasion d’égaler ce week-end deux légendes tricolores du Mans, Henri Pescarolo et Yannick Dalmas (4 victoires chacun).
 
«L’Audi est une vraie horloge. C’est une voiture à l’allemande, à la fois très solide et très performante, analyse pour Le Figaro Stéphane Ortelli. Je n’ai jamais vu une voiture aussi bien équilibrée. Je ne lui vois pas de point faible.» Le pilote d’usine Audi, 14 participations au compteur, est bien placé pour commenter le duel germanique puisqu’il faisait partie de l’équipage de la dernière Porsche vainqueur des 24 Heures en 1998 aux côtés d’Allan Manish et Laurent Aïello.

 

Porsche brisera-t-elle l’hégémonie de sa rivale aux anneaux pour reprendre ses distances au classement des succès au Mans (16 contre 13 à Audi) ? Après seize ans d’absence, la marque de Stuttgart avait frôlé un retour fracassant en 2014 mais Mark Webber avait vu la victoire s’envoler sur une casse moteur deux heures avant l’arrivée. L’Australien et tout le clan Porsche veulent prendre leur revanche avec une 919 Hybrid allégée d’une trentaine de kilos et moins gourmande en gommes. Ses cinq pole positions de rang sur le WEC et sa domination lors des essais de mercredi, avec un record du tour à la clé (3’16’’887), parlent pour elle. «Son point faible, c’est qu’elle est là depuis moins longtemps qu’Audi. Il y a donc plus d’incertitudes sur sa capacité à être performante dans le trafic et dans des conditions changeantes. Mais sur un tour de qualification, la Porsche est intouchable», résume Stéphane Ortelli. À noter la présence dans l’une des trois voitures de Nico Hülkenberg qui a provisoirement délaissé la F1 et Force India pour s’offrir un bizutage en Endurance.
 

Toyota en outsider
 

Le sacre au Mans, Toyota court après depuis sa première participation en 1985. Le constructeur japonais y a pourtant cru l’an dernier. Pendant les 14 premières heures, la TS040 Hybrid numéro 7, partie en pole position, faisait la course en tête avant d’être trahie par un faisceau électrique défectueux. Son titre sur le WEC 2014 n’a pas comblé «le vide abyssal» que constitue l’absence de victoire au Mans selon la direction du premier constructeur automobile mondial.
 

«La Toyota est un peu en manque de performances depuis le début de l’année mais elle est championne du monde en titre. Peut-être que le rôle de l’outsider lui ira mieux que celui de favori ?», s’interroge Stéphane Ortelli qui ne misera pas sa paie sur une victoire de la Nissan GT-R LM Nismo. Larguée en essais (22 secondes de retard au tour sur la Porsche mercredi) malgré la meilleure vitesse de pointe (337 km/h), la traction avant aux allures de Batmobile   ne roule pas encore dans la même catégorie que le trio magique.
 

 

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