Water-polo : retrouver les Jeux, 24 ans après

By Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI. janvier 16, 2016 440

Médaillée d’or en 1924 à Paris, l’équipe de France de water-polo espère renouer cet été avec les Jeux olympiques après 24 ans d’absence. Pour tenter de décrocher une onzième participation olympique, les poloïstes tricolores doivent assurer une des neuf premières places de l’Euro qui se déroule actuellement à Belgrade (Serbie) et jusqu’au 23 janvier. Ensuite, il faudra tirer son épingle du jeu lors d’un tournoi de qualification olympique (TQO) à Trieste (Italie) du 3 au 10 avril.

Pour l’équipe féminine, qui n’a elle jamais disputé la grand-messe olympique depuis 2000, date du premier tournoi féminin aux Jeux, le challenge est encore plus relevé. Il faut se classer parmi les six premières du championnat d’Europe, la septième place sera peut-être qualificative pour le TQO à Gouda (Pays-Bas) du 21 au 28 mars.

Sport majeur dans les Balkans

En quatre matchs - deux pour les hommes et deux pour les femmes - la hiérarchie a pour le moment été respectée dans le bassin temporaire aménagé dans l’Arena de Belgrade. Les Français ont largement battu Malte (17-7) avant de lourdement chuter contre la Croatie (20-5), championne olympique en titre. Les Françaises ont elles commencé par une défaite face aux Italiennes (10-3) et face aux Espagnoles (21-2).

Jeudi, l’équipe de France masculine s’offre un match de gala à 20 h 15 face aux Serbes, champions du monde en titre. Dimanche dernier, la Serbie n’avait fait qu’une bouchée de son rival croate devant un public chauffé à blanc (13-6). « Déjà lors des derniers championnats d’Europe à Budapest en 2014, nous avions eu la chance d’être dans un des temples du water-polo. A Belgrade, la piscine est mise en valeur. Il y aura 12 000 spectateurs et cela risque d’être très impressionnant », déclare Julien Issoulié, directeur du water-polo à la Fédération française de natation (FFN). Sport majeur dans les Balkans, le water-polo offre pléthore de concurrents redoutables depuis l’éclatement de l’ex-Yougoslavie.

Les Françaises auront également le plaisir de goûter à une ambiance survoltée puisqu’elles affronteront le 19 janvier la Serbie. « Lors de la cérémonie d’ouverture, c’était grandiose. Pour Serbie-Allemagne féminin, il y avait 2 000 personnes. La majorité des joueuses de l’équipe n’ont jamais évolué devant cette affluence… », se réjouit Louise Guillet, capitaine des Bleues.

Retrouver les Jeux, 24 ans après


Véritable graal pour le water-polo, les Jeux olympiques sont déjà dans toutes les têtes. Chez les hommes, douze équipes accéderont au tournoi olympique, seulement huit chez les femmes. Trois équipes masculines sont d’ores et déjà qualifiées : la Grèce, la Croatie et la Serbie. Quatre autres places iront aux champions continentaux. Seul l’Afrique n’a pas de place directement qualificative et devra passer exclusivement par le TQO. « La qualification olympique est envisageable. Nous avons des joueurs de talents, qui prennent de l’expérience. Même si cela ressemble à un parcours du combattant, nous ne pouvons pas faire la fine bouche et tout faire pour retrouver les Jeux 24 ans après Barcelone », raconte Rémi Saudadier, l’un des piliers de la sélection française.

Les femmes, septièmes du dernier championnat d’Europe, devront au minimum réussir la même performance pour espérer disputer leur TQO. Avec seulement huit places aux JO, la tâche est encore plus ardue. « C’est la loi du water polo féminin même si ce n’est pas très juste. La qualification sera très difficile à obtenir », lance Louise Guillet, qui n’a pas oublié que ses prédecesseures avaient obtenu deux médailles de bronze européennes dans les années 80.

Si l’équipe de France féminine s’était illustrée lors des deuxième et troisième championnats d’Europe en 1987 et en 1989, le water-polo français a fait figure de pionnier dans le premier quart du XXe siècle. Les poloïstes ont remporté en 1924 l’une des cinq titres olympiques d’un sport collectif tricolore (deux en handball, un en football 1 et un en rugby à XV). En 1900 et en 1928, des médailles de bronze ont également été gagnées. En 1900, lors des premiers Jeux organisés à Paris, deux clubs représentaient la France et s’étaient classés troisièmes : la Libellule de Paris et les Pupilles de Neptune de Lille.

A l’époque, où le water-polo se pratiquait sur les bords de Seine ou de Marne, le rapport des Jeux ne manquait pas de souligner l’importance de la construction des piscines pour développer les sports nautiques.

« Ce but serait atteint si l’on pouvait amener toutes nos grandes villes à faire construire et à subventionner largement des piscines modèles d’hiver et d’été. Paris y contribue bien, mais vraiment trop peu pour le nombre de ses habitants. Lille s’en occupe aussi. Ces piscines étant créées, les sociétés de natation se formeraient rapidement et amèneraient la plus grande partie de la population des villes à pratiquer ce sport. D’autres moyens de développer la natation existent, ils sont plus généraux. Les voici : Obliger tous les instituteurs des petites villes et des campagnes à savoir nager. Les communes feraient le sacrifice de la mise en état d’une portion de cours d’eau, pour servir d’école de natation d’été Dans les mois chauds, à partir d’un certain âge, les enfants y seraient conduits et apprendraient à nager ».

Un environnement plus favorable à l’étranger

Une problématique qui est toujours d’actualité de nos jours et ce plus que jamais pour le water-polo dont l’entraînement nécessite de l’espace. « A Budapest, il y a quinze bassins olympiques. Le manque de structures est l’un des freins au développement de notre sport en France. Puis notre statut est particulier puisque nous sommes le sport collectif d’une Fédération de sports individuels », analyse Julien Isoulié.

Même si les joueurs français de water-polo sont professionnels - ce qui n’est pas le cas des joueuses en majorité étudiantes - ils ne peuvent pas bénéficier en France de conditions optimums. « Les clubs français ne sont pas armés sur la scène européenne. Les mieux lôtis gagnent 3 000 euros par mois, les autres 1 500 euros en moyenne », déclare Julien Issoulié.

Comme souvent, c’est à l’étranger que certains vont chercher un environnement plus favorable. Avant de défendre les couleurs bordelaises, Louise Guillet a évolué pendant huit ans à l’étranger, de la Grèce, à l’Espagne en passant par l’Italie. Joueur d’un club berlinois, Rémi Saudadier est l’un des deux internationaux français qui jouent hors de l’Hexagone. « C’est plus simple dans des pays où le water-polo bénéficie de meilleures conditions, avec par exemple des emplois du temps aménagés. Quand je jouais à l’étranger, j’étais professionnelle », raconte Louise Guillet.

Les poloïstes peuvent en tout cas prendre espoir sur leurs camarades d’autres sports collectifs français, longtemps restés dans l’ombre. « Maintenant que les volleyeurs ont des résultats, les moyens arrivent. Si l’on arrivait à qualifier au moins une équipe à Rio, cela serait génial vis-à-vis du grand public et de notre fédération », espère Louise Guillet, en bonne capitaine.

 

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