Ces étudiants qui veulent inventer des bateaux qui volent

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Treize équipes d’universités issues de six pays s’affrontent sur le lac Léman, à Lausanne, lors de la première édition de l’HydroContest, compétition visant à améliorer l’efficacité énergétique des navires.

C’est un concours très original qui se déroule sur les bords du lac Léman, à Lausanne, du 23 au 27 juillet. À l’invitation de la fondation suisse Hydros, treize équipes d’étudiants venant de six pays vont faire voguer leurs navires télécommandés pour voir lequel est le plus efficace sur un parcours donné. Les plus rapides se servent d’ailes immergées, des «foils», pour voler au-dessus des vagues, mus par un simple petit moteur électrique.
 

L’équipe d’Hydros, issue de la participation suisse dans le défunt Hydroptère, premier trimaran volant, s’est surtout fait connaître pour son expertise dans des bateaux de course à la voile très innovants. Cette fois, avec ce concours étudiant HydroContest, la fondation suisse veut démontrer que les progrès techniques apportés par les bateaux qui volent ne concernent pas que le monde de la course à la voile mais aussi le monde du transport maritime. «La marine marchande est l’activité qui emporte le plus grand tonnage de marchandises dans le monde, mais c’est un domaine qui est assez peu étudié et dans lequel nous estimons que des progrès importants peuvent être faits», explique Stéphane Dyen, membre du bureau d’étude d’Hydros.
«Nous avons conçu les règles du concours de manière assez ouverte afin que les étudiants puissent trouver des solutions techniques différentes pour améliorer l’efficacité énergétique des bateaux», poursuit l’ingénieur français. La formule d’une course de vitesse a été retenue, avec la contrainte de ne pouvoir utiliser que le moteur électrique de 1200 W et la batterie fournie par l’organisateur. L’idée étant que le bateau capable d’avancer le plus vite sur un parcours donné avec une énergie limitée sera celui qui aura la meilleure efficacité énergétique.

 

Deux cas de charge différents
 

Chacune des treize équipes doit répondre à deux cas de charge différents, soit une première course pour un bateau emportant 20 kilos de lest, une autre 200 kilos. «L’idée étant de pouvoir faire un bateau léger, représentant à une échelle réduite un navire rapide transportant une dizaine de personnes, et de l’autre un bateau plus proche d’un gros porte-conteneurs ou d’un tanker, explique Stéphane Dyen. En voyant les plans envoyés par les défis étudiants, nous avons été impressionnés par les choix innovants et ambitieux qu’ils avaient faits.»
 

«Face à ces deux contraintes de charge finalement assez éloignées, nous avons choisi de concevoir et de construire deux bateaux différents, un léger et un lourd», explique Antoine Lormeau, étudiant en troisième année à l’Ensta ParisTech. «Pour celui qui est léger, les calculs nous ont très vite montré que si on voulait aller vite, il nous fallait des foils qui le sortent de l’eau et réduisent la surface immergée, qui est ce qui freine le plus, complète Thomas Dubois, lui aussi étudiant dans l’équipe de l’Ensta ParisTech. En revanche, pour le bateau lourd, il faudrait une puissance beaucoup trop grande pour arriver à le sortir de l’eau et le faire décoller, nous nous sommes donc appliqués à concevoir une forme qui réduit la traînée dans l’eau.»
Avec des contraintes de temps et de budget très fortes, en n’utilisant que les 6000 francs suisses décernés par Hydros, les étudiants du défi français de l’Ensta ont combiné des techniques de conception de pointe pour les bateaux et les foils à l’aide de logiciels de conception en 3D et de techniques de construction très rustiques: du bois mis en forme et de la toile nylon tendue. Une approche rationnelle et débrouillarde qui leur a permis d’obtenir une coque très légère, de juste 6 kilos pour le navire léger de 3,5 mètres de long. «Quand, lors de nos premiers essais sur le lac de Palaiseau, nous avons vu le bateau décoller et accélérer au-dessus de l’eau, nous étions vraiment soulagés de voir que notre travail avait porté ses fruits, se réjouit Thomas Dubois. Mais maintenant, il faudra voir sur l’eau à Lausanne ce qu’il donnera face à la concurrence.»

 

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