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Le tourisme tunisien a été détruit par la formule du all-inclusive, à l'origine de la dégradation des services dispensés aux clients et du bradage des prix de séjour dans nos hôtels. Démonstration...
Par Imed Bahri
Certains professionnels du tourisme le disaient depuis l'introduction de cette formule en Tunisie: elle va opérer un nivellement par le bas des prestations fournies par les hôteliers, en plus de ses effets négatifs sur les recettes en devise. Le client va tout payer par avance chez lui lesdits services et donc ne rien dépenser chez nous. Cela a été vérifié et les victimes furent les commerçants, les restaurants, et beaucoup d'autres métiers qui ont souffert des répercussions néfastes du all-inclusive.
Pas de savon ni serviette et chasse d'eau en panne
Presque tous les hôteliers furent obligés de se plier à ce qui est devenue une exigence des tours- opérateurs. La qualité des services, notamment la restauration, a dégringolé dangereusement. Conséquence: le taux de «retours» a chuté et les plaintes contre les voyagistes ont augmenté, ce qui a donné une mauvaise publicité pour la destination Tunisie. Mais de là à ce que ça tourne à l'arnaque, il avait fallu une «révolution»! C'est fait.
Ne parlons pas du touriste qui paye des clopinettes mais d'un Tunisien qui paye le prix total et au tarif «haute saison».
Dans un hôtel quatre étoiles «de luxe», appartenant à une chaîne dont les unités «meublent» le territoire, et une des plus endettées auprès de nos banques, dans la zone touristique de Monastir, qui ressemble de plus en plus à une zone industrielle en ruine après une guerre, il y a 3 prix différents pour une même haute saison. On a trouvé l'astuce, on saucissonne la période légale pour pouvoir changer le prix à sa guise au gré de l'offre et de la demande. Pour une nuit passée pour la première semaine de mai, où les touristes se font rares, nous Tunisiens, on paye entre 100 et 150 dinars pour une single.
Dès que vous entrez dans cette «suite» de «luxe», vous allez vous débarbouiller dans la salle de bain, vous cherchez vainement une savonnette, car on a souvent oublié d'en mettre et quand vous en trouvez, il s'agit d'un produit sans étiquette, sans parfum et sans bulles. Idem pour les shampoings. Mais vous pouvez être sûr (j'en ai fait l'expérience) que pendant trois jours, ils ne seront pas changés. Les serviettes, usées à l'usage, ne seront changées qu'à la demande.
Après une douche, vous vous attablez devant une télé modèle années quatre-vingt-dix, vous cherchez vainement la commande, vous vous fâchez, vous appeler la réception, la voix insolente du réceptionniste vous fait comprendre qu'il faut d'abord payer une caution pour mériter une telle commodité. La confiance règne, on a peur que vous la voliez en quittant l'hôtel. De toute façon, il faut vous rhabiller et traverser tout l'hôtel.
Pour mettre votre argent et papiers dans le coffre, il est débranché, vous rappelez la réception et cette fois on vous rappelle sèchement qu'il n'est pas dans le all-inclusive et qu'il faut payer.
Une Celtia à 6 dinars et payée d'avance
Vous êtes alors en colère et vous ouvrez le minibar pour boire un ver d'eau! Il est vide! on vous dit que vous devez payer vos bouteilles d'eau, vos sodas et vos bières d'avance à la réception pour qu'un serveur vous les apporte.
Vous décidez alors d'aller au bar pour étancher votre soif avec une bière: le barman vous dit que votre bracelet ne vous donne le droit qu'à des verres d'eau et pas de bouteilles et que vous n'avez pas le droit aux consommations alcoolisées, vous devez payer cash une Celtia à 6 dinars. Et vous devez vous estimer heureux car, dans le centre de Monastir, l'hôtelier interdit la vente des alcools aux musulmans.
Mais le plus énervant, lorsque vous êtes Tunisien, c'est lorsque à chaque fois que vous voulez un café, un verre d'eau, un thé, les serveurs exigent que vous retroussiez votre manche pour montrer le bracelet, sinon ils refusent de vous servir parce que vous avez une tête de Tunisien donc suspecté d'avoir profité de connivences dans l'hôtel pour vous introduire et consommer gratis. De toute façon, on vous met le bracelet de force dès votre arrivée. «C'est obligatoire», vous avertit le réceptionniste, sous-entendu qu'on a peur que vous le filiez à un autre.
Une bouffe infecte
Mais c'est au self-service que vous découvrez la vraie arnaque. Pendant trois jours et trois nuits, vous avez droit au même menu. Côté viande d'agneau ou de veau vous pouvez attendre. Même le couscous à l'agneau est plutôt de type végétarien.
En guise de poisson, quelque chose qui ressemble à du thon mais de très très loin! Le reste, du poulet (surtout des ailes) mélangé à toutes les sauces. Plus d'escalope, ni grillades. Mais vous avez intérêt à faire vos choix rapidement, car une heure avant la fin de l'horaire légal vous risquez de ne rien trouver à vous mettre sous la dent. Même les horribles gâteaux faits maison seront avalés par des clients affamés.
Le comble, c'est quand vous voulez une bouteille d'eau que le serveur vous demande de payer à l'avance et cash. Mais quand vous poussez votre outrecuidance jusqu'à demander une bouteille de vin tunisien, le garçon s'empresse de vous demander 20 dinars pour tenter ensuite de vous refiler une bouteille de vin de messe que vous êtes censé avoir gratuitement. Il est vrai que vous pouvez vous servir en eau au distributeur, mais il faut d'abord trouver un verre ce qui s'avère souvent être une mission impossible. Idem pour les couverts, car si vous avez envie de les changer, il faut solliciter le soutien d'un chef de rang qui ira les chercher dans un tiroir où ils sont cachés soigneusement.
De toute façon vous n'avez pas encore fini de déguster votre Magon chèrement acquis, que vous vous apercevez que les tables tout autour sont déjà desservies et rangées et que les lumières commencent à s'éteindre. Excellent moyen de dissuader les clients qui peuvent êtres tentés de se servir à nouveau, en plus du fait qu'une demi heure avant la fermeture légale du self, il n'y a plus une cuillerée de bouffe ou de dessert, sauf des oranges décongelées qu'on trouve actuellement sur le marché à 300 millimes le kilo.
Calculé à la hâte, le prix réel de ce que vous avez mangé, viande et poisson compris ne revient pas à l'hôtel plus de 1,5 dinar, compte tenu du fait que c'est une chaîne qui achète ses produits en gros quand ils sont les moins chers sur le marché pour êtres congelés pendant des mois dans les chambres froides.
Le personnel, constitué en majorité de saisonniers, perçoit rarement le Smig et manque de qualification. De toute façon, il faut courir dans les étages pour trouver une femme de chambre disponible, car la compression budgétaire a touché sévèrement le recrutement.
Le client en mode "système D''
Résultat, dès son arrivée, le client est totalement en self-service. Dans le grand bar central, qui reçoit tous les clients après le diner, seuls deux serveurs sont là pour répondre aux demandes des clients et un desserveur qui peine à débarrasser les tables des tasses laissées par les clients en plus du responsable de la caisse. Heureusement que les cafés et autres boissons chaudes et fraîches sont infectes et en self-service et qu'on n'a pas envie de faire la queue deux fois pour les avoir.
A partir de 22h, il vaut mieux aller se coucher, car les garçons commencent à vous lancer des regards réprobateurs presqu'indignés que vous profitez de leur patience, car visiblement ils ont envie d'éteindre les lumières. Vous n'avez plus qu'un choix, sachant que vous ne pouvez plus vous hasarder à vous promener dans une zone touristique totalement déserte et qui fait peur.
Vous décidez, avant de monter dans votre chambre, d'aller aux toilettes pour un besoin pressant! Quant vous avez fini, vous tirez la chasse d'eau, et vous utilisez le tuyau, l'eau a été coupée. Vous vérifiez par curiosité les autres cabines, les odeurs vous dissuadent! Catastrophique! Même pas le minimum d'hygiène! Vous allez signaler ça, on vous lance des regards suspects, façon de signifier que vous êtes un de ces contre-révolutionnaires saboteurs du tourisme tunisien.
La question que vous-vous posez est la suivante : Comment est-on arrivé là? Où est le ministère du Tourisme? Pourquoi ne ferme-t-il pas ces unités touristiques de la honte? La réponse est toute claire: ce sont ceux-là même qui contrôlaient le secteur après avoir pompé dans les caisses des banques, qui continuent à sévir. La pauvre ministre du Tourisme, harcelée depuis sa nomination, n'a même pas eu encore le temps d'inspecter les lieux et elle ne peut compter que sur elle même.
Tout le monde sait, aux moins, qui dirige les bureaux régionaux de l'Office du tourisme. La Tunisie qui s'apprête à recevoir des millions de touristes cette année n'a plus les moyens de sa politique. Et les effets d'annonce ne peuvent tenir lieu de marketing, surtout quand l'intendance ne suit pas.
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