Le dernier voyage du Costa Concordia

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Le paquebot échoué près du Giglio va être renfloué lundi pour être démantelé à Gênes. Une opération à haut risque.

Jour J pour le Concordia échoué depuis le 13 janvier 2012 à quelques encablures de la petite île toscane du Giglio: ce lundi matin commencent des opérations extrêmement délicates pour hâler l'immense épave jusqu'aux chantiers de démolition du port de Gênes, à 390 km de là, une opération sans précédent qui aura coûté au total plus d'un milliard d'euros.
 

Opération de tous les dangers avec des risques réels de pollution, de rupture de la carcasse longue de 290 mètres et pesant 114.500 tonnes, qui a séjourné 30 mois dans l'eau de mer, et même de naufrage, un scénario catastrophe que les ingénieurs refusent d'évoquer.
 

Conditions météo favorables
 

En septembre dernier, le navire qui reposait sur les fonds marins avait été redressé, au terme d'une manœuvre spectaculaire d'une semaine. Samedi, rassuré par les derniers tests et par des conditions météo qui devraient rester favorables pendant une semaine, l'Observatoire public qui surveille l'avancement des travaux a donné son feu vert. Le processus, auquel participent 350 ingénieurs et techniciens, a été planifié en quatre étapes: l'épave a été maintenue depuis dix mois sur une plateforme artificielle, tout en restant partiellement immergée. Des flotteurs remplis d'eau situés de part et d'autre assurent sa stabilité. Dans un premier temps, on va chasser l'eau des flotteurs en injectant de l'air comprimé pour la soulever d'environ deux mètres. Une fois désenclavée de son socle, lundi, elle sera éloignée du rivage d'une trentaine de mètres, ce qui devrait prendre huit heures pendant lesquelles toute navigation dans le port du Giglio et alentour sera interdite. Cette phase est la plus complexe. En fin de journée, le navire sera ancré par la poupe sur le fond marin, arrimé aux tours qui ont servi à le redresser et maintenu en position stable par trois remorqueurs.
 

Les jours suivants, les deux derniers flotteurs vont être fixés définitivement sur son flanc droit par des câbles et des chaînages. Le renflouage proprement dit pourra commencer. Les techniciens vont insuffler de l'air comprimé en grande quantité dans les flotteurs, au nombre de trente, qui soutiennent le navire. La vidange sera exécutée de manière progressive, afin de faire émerger lentement le navire, du pont six au pont trois, à raison de 6 cm par heure. Cela prendra deux à trois jours, le Concordia récupérant 14  mètres de hauteur. Pour évacuer l'eau sale engouffrée dans les ponts inférieurs, une légère gîte lui sera donnée. Puis commencera son dernier voyage. Deux remorqueurs feront pivoter la carcasse sur 180° pour orienter sa proue vers le port de Gênes tandis que deux autres remorqueurs maintiendront fixe la poupe. Une salle de contrôle a été installée sur le navire pour surveiller ses moindres mouvements. Des capteurs extrêmement sophistiqués permettront de déceler toute anomalie dans les structures.
 

«L'épave ne nous manquera pas. Mieux vaut qu'elle s'en aille le plus vite possible», déclare Sergio Ortelli, le maire du Giglio. Mais l'île conservera longtemps le souvenir du Concordia. Des objets du naufrage sont exposés dans la petite église. Une statue de la Vierge Marie a été érigée sur la jetée. Ce que les habitants n'oublieront pas, c'est le souvenir des trente-deux victimes et des quelque 4.200 passagers et membres d'équipage frigorifiés auxquels ils ont prêté secours, par une froide nuit de janvier… il y a deux ans et demi.
 

 

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