Tunis se démène pour sauver son tourisme

La Tunisie tente de sauver son tourisme, touché de plein fouet par l'attentat du Bardo il y a un mois, en rassurant les visiteurs sur leur sécurité et en lançant une campagne de publicité en Europe.

Mais les professionnels s'attendent à une saison médiocre.
 

De l'optimisme pour la saison touristique, c'est un peu dur (d'en avoir) mais nous allons tenter de sauver quelque peu la situation», admet volontiers Radhouane Ben Salah, président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH).

En difficulté depuis la révolution de 2011, le tourisme, qui représente 7% du PIB, attend encore de connaître l'impact de l'attaque le 18 mars contre le musée du Bardo, qui avait fait 22 morts dont 21 touristes. Mais d'ores et déjà, on s'attend au pire.

Chute des réservations

«Le plus inquiétant c'est l'arrêt des réservations pour l'été», explique M. Ben Salah qui craint «une saison complètement ratée». Le Syndicat national des agents de voyages en France - premier marché pour la Tunisie - a de son côté enregistré une chute de 60% des réservations.

«Nous devons être rigoureux en ce qui concerne notamment la sécurité. Il faut rassurer par tous les moyens les touristes», relève Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV).

La ministre du Tourisme Salma Rekik a dès lors annoncé la semaine dernière «des mesures exceptionnelles» pour renforcer le secteur touristique. Au premier rang de ces mesures, la protection des sites et circuits ainsi que le renforcement des contrôles dans les aéroports, les routes et tous les moyens de transport.

Surfant sur la vague de solidarité après l'attentat, la Tunisie a organisé une campagne d'affichage à l'international, avec la participation de célébrités et devant être placardée à travers l'Europe.

Problèmes stratégiques

Mais ces dispositions, aussi nécessaires soient-elles d'après les professionnels, sont conjoncturelles. Hôteliers et voyagistes notent que des problèmes autrement plus stratégiques attendent des réponses depuis des années.

De fait, avant même les événements du Bardo, la saison 2015 s'annonçait médiocre: recettes touristiques en baisse de 6,8% au premier trimestre 2015 par rapport à la même période en 2014, nuitées en recul de 10,7%, arrivées aux frontières en chute de 14,2%.

«Nous n'étions pas optimistes avant l'incident du Bardo étant donné que la situation sécuritaire n'était pas stabilisée à 100%. Mais en plus (il y a) des problèmes de propreté et d'endettement des institutions touristiques. Tout cela nous ne permettait pas de prévoir une excellente saison estivale», résume M. Toumi.

Offre à diversifier

Pour Radhouane Ben Salah, le secteur paie de n'avoir pas cherché à sortir d'un tourisme axé presque exclusivement sur le balnéaire de masse. «Depuis les années 1990 aucune volonté politique ne s'est manifestée pour diversifier les produits touristiques ou pour améliorer une infrastructure fragile», dit-il.

Ainsi le tourisme saharien se limite à la visite de quelques oasis et à des promenades à dos de chameau, tandis que la thalasso et le tourisme culturel «laissent à désirer», explique-t-il. L'accès à de multiples sites archéologiques romains, puniques ou numides reste part ailleurs difficile en l'absence d'autoroutes, de transports rapides et d'hôtels, explique-t-il.

 

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