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Un an après l’effroyable attaque terroriste de Daech à Sousse, le secteur du tourisme tunisien demeure sous le choc. Durant le premier semestre de l’année 2016, environ 1,82 million de touristes se sont rendus en Tunisie, soit une baisse de 21,5% par rapport au premier semestre 2015. Une tendance alarmante compte tenu du poids de ce secteur dans l’économie nationale : pourvoyeurs d’emplois, le tourisme représente traditionnellement 7 % à 8 % du PIB de la Tunisie et constitue une source indispensable de devises.
En réalité, c’est l’ensemble des activités touristiques de la rive sud de la Méditerranée qui est affecté par les conséquences des soulèvements populaires nés en 2011. Si cette séquence historique est aussi l’occasion de s’interroger sur le modèle de développement de ce secteur stratégique pour des pays comme la Tunisie, l’Egypte ou le Maroc, les acteurs économiques demeurent dans l’expectative.
Le tourisme n’échappe ni au contexte national ni à l’environnement régional– marqué par de fortes sources d’instabilités– dans lequel il s’inscrit. Au contraire, il s’agit d’un secteur fortement dépendant des données géopolitiques locales et globales. Les rivalités économiques, commerciales, sociales et culturelles auxquelles donnent lieu le développement des activités touristiques sur des territoires donnés– en particulier en Méditerranée– attestent de sa dimension foncièrement géopolitique. Par exemple, l’essor du tourisme de masse (le nombre de touristes a encore progressé de 4% en 2015*) a participé à l’actualisation des rapports Nord-Sud, tout en nourrissant l’idéologie islamiste. Manifestation visible et spectaculaire de la globalisation, l’explosion du secteur contribue à la reconfiguration de la carte du monde.
Particulièrement symbolique de la Méditerranée, le tourisme est une activité qui– même si elle n’est pas récente– a fait florès sur l’ensemble du bassin méditerranéen. Le secteur draine un tiers des flux mondiaux, grâce à une nature, un patrimoine historique, architectural et culturel exceptionnels. La Méditerranée est encore aujourd’hui la principale région touristique du monde (B. Kayser, 2001). Le bassin méditerranéen reste en effet la principale destination touristique mondiale. Les activités de services et les emplois liés au secteur pèsent dans la vie économique et sociale des îles et zones/régions littorales (voir le cas de l’Espagne de la Grèce ou de la Tunisie).
Ce tourisme méditerranéen se caractérise néanmoins par sa très forte concentration autour de quelques sites naturels ou culturels, qui ont bénéficié d’investissements lourds, comme l’attestent le développement d’infrastructures et de complexes hôteliers. Outre les pôles d’activités touristiques traditionnels du pourtour méditerranéen, les Balkans présentent de nouvelles offres/destinations, et ce grâce notamment aux investissements privés de fortunes russes qui tentent d’exploiter l’environnement naturel exceptionnel de la région (littoral et îles de Croatie, mais aussi stations balnéaires bulgares).
Cependant, un lent déclin semble se dessiner pour la destination méditerranéenne, sur fond de montée en puissance de nouvelles destinations touristiques (Pacifique, Asie du Sud-Est, Caraïbes, …), de l’instabilité et de l’insécurité sur les rives Sud et Est (en 2015, l’activité a reculé de 8% en Afrique du Nord*), sur fond d’impératifs structurels tels que la nécessité de lourds investissements (difficiles à attirer en temps de crise), le renouvellement de l’offre des produits touristiques et surtout du modèle du tourisme balnéaire de masse…
De plus, le développement parfois anarchique de l’activité touristique (exemple du littoral bétonné en Espagne et contre-exemple de la sauvegarde du littoral corse) a un coût pour l’environnement en général, et pour les écosystèmes littoraux, en particulier. La perspective d’un changement climatique représente ici plus qu’ailleurs un défi majeur pour ce secteur confronté à des problèmes aigus en matière de consommation et de gestion de l’eau et d’énergie. Le tourisme durable est l’avenir de ce secteur en Méditerranée comme ailleurs. Il en va de sa pérennité.
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