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Les Tunisiens sont contents d’accueillir un grand nombre de touristes russes pour parer à l’absence des Européens de l’ouest qui boudent leur pays, mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
Nous sommes au mois d’août, soit la haute saison touristique estivale. A cette période de l’année, les hôtels sont l’endroit le plus prisé pour supporter un soleil de plomb et profiter des joies d’une mer bleue azur.
Nous sommes sur les côtes de Hammamet, dans la région du Cap Bon, en Tunisie. Une station balnéaire très prisée des touristes étrangers. Nous avons élu domicile pour une petite semaine de vacances en formule «all inclusive» (tout compris) dans l’un de ses établissements hôteliers.
Ambiance à la bonne franquette
Précision importante : nous avons effectué notre réservation via une agence de voyage basée en Allemagne, quelques mois avant la date du séjour. Si nous avons choisi ce moyen de réservation, c’est tout simplement au regard du tarif substantiellement moins cher que si l’achat avait été effectué via une agence de voyage tunisienne ou dans l’hôtel directement. Constat fâcheux : les hôtels en Tunisie sont moins chers pour l’étranger que pour le Tunisien !
Nous sommes arrivés un samedi et l’hôtel a mis en place une petite structure pour l’accueil des arrivants et la distribution des chambres. A priori, tout se passe plutôt bien dans une ambiance à la bonne franquette (étant donné, également, que c’est la seconde fois que nous venions dans cet hôtel) et nous voilà bien installés en «presque» peu de temps.
Un petit tour dans les couloirs de l’hôtel et, très vite, nous constatons qu’il existe deux types de touristes : les Russes, d’un côté, puis les Algériens et les Tunisiens de l’autre. Interrogé à ce sujet, un employé de l’établissement se laisse aller à des confidences, en confiant que, cette année, il y a enfin des touristes étrangers, russes en l’occurrence, mais il s’agit de vacanciers plutôt pauvres, ajoutant, sans ironie aucune, qu’il n’y a rien à en tirer, c’est même bien le contraire : ils coûtent plus cher qu’ils ne rapportent.
On n’a pas tardé à découvrir nous-mêmes le revers du tableau: les Russes tant convoités comme des sauveurs, pour parer à l’absence des Européens de l’ouest qui boudent la Tunisie, n’ont pas exactement le profil des touristes qu’affectionnent les hôteliers : la plupart d’entre eux gaspillent la nourriture lors des trois repas de la journée, dont une partie non négligeable finit dans les poubelles, se montrent trop exigeants même parfois insolents envers le personnel de l’hôtel et irrespectueux envers les autres résidents.
Cela n’empêche pas les employés, en notamment les serveurs, de leur réserver un traitement de faveur. Ainsi, par exemple, en début de soirée, le moment fatidique de la fameuse animation, les résidents cherchent à profiter du régime plein de leur formule «tout compris». Le comptoir du bar est pris d’assaut jusqu’à la fermeture à 23 heures et les boissons, alcoolisées ou non, coulent à flot.
Ségrégation et service à la tête du client
Le problème, car problème il y a, les résidents qui attendent respectueusement et patiemment leur tour pour avoir droit à une boisson sont sanctionnés. L’attente se fait longue et ces chers serveurs sont aux petits soins des petites jeunes russes. Les appels à l’ordre et au respect de l’autre laissent de marbre cette humanité habituée à l’incurie et à l’incivisme !
Le lendemain, au moment du petit déjeuner, nous sommes affligés d’assister à la même scène. Le serveur de service laisse poireauter les clients tunisiens et algériens, qui attendent qu’on nettoie leurs tables, pour aller s’occuper d’une petite jeune russe aux yeux vert émeraude, venue plusieurs minutes après. Le jeune homme est allé jusqu’à cueillir une fleur rouge du jardin de l’hôtel pour l’offrir à la créature de ses rêves. On reste pantois. Et on se résigne à nettoyer nous-mêmes notre table et à apporter nous-mêmes notre couvert.
Conclusion : quelques jours de vacances dans un hôtel tunisien suffisent pour constater que les Tunisiens resteront leurs pires ennemis. Qui fera comprendre à ces chers hôteliers et, surtout, à leurs employés, qu’un résident russe, tunisien ou algérien reste un client et qu’il a le droit à tous les égards, par-delà sa nationalité, les couleurs de ses yeux ou… ses mensurations ?
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