Au jardin ce week-end : soignez vos bordures

Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI

Chaque week-end, Marc Mennessier, journaliste au Figaro, ingénieur agricole et amoureux desplantes, vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un éden.

Un jardin, c'est un peu comme un lit: il doit être bien bordé. Ni trop lâche ni trop serré, juste ce qu'il faut. Après, c'est une affaire de style et de goût.
 

On peut, par exemple, vouloir donner à son petit coin de paradis une touche très classique de jardin à la française en entourant ses massifs de petites haies de buis taillées au cordeau: une façon comme une autre d'honorer la mémoire d'André Le Nôtre (1613-1700), le grand jardinier de Louis XIV dont nous venons tout juste de fêter le quatrième centenaire de la naissance.
 

Mais on peut aussi opter pour un aspect plus campagnard en érigeant des murets de pierres sèches ou des mini-barrières en bois (fascines, rondins, vieux madriers…) ou encore «se la jouer écolo» en privilégiant les matériaux recyclés (bouteilles en verre, vieux carrelages, tuiles…).
Au-delà de ces considérations esthétiques, qu'il ne s'agit pas de prendre à la légère car vos choix s'inscriront nécessairement dans la durée, l'installation de bordures remplit de multiples fonctions. Comme retenir la terre et aplanir le sol si votre terrain est en pente, bien délimiter la pelouse pour faciliter le passage de la tondeuse ou encore éviter que les graviers des allées se retrouvent dans la terre des massifs et vice versa.

 

La période actuelle est idéale pour entreprendre ce genre de «grands travaux»: la végétation est à l'arrêt (même si, avec la douceur de ces dernières semaines, tulipes et narcisses commencent à pointer le bout de leur nez…), les planches du potager et les massifs d'annuelles sont quasiment désertés et, en dépit de la brièveté des jours, on dispose de plus de temps pour «bricoler» de la sorte qu'au printemps lorsque semis et plantations battent leur plein.
 

En outre, la météo s'y prête bien. Les pluies récentes ont bien humidifié les sols et MétéoConsult ne prévoit pas de gel important dans les dix prochains jours: le transport de la terre et l'enfoncement des piquets devraient donc se faire sans problème. Voici quelques exemples d'aménagements faciles à réaliser.
 

Les fascines, élégantes et originales
 
Comme l'indique leur nom, dérivé du latin (fascis, fagot), les fascines étaient, à l'origine, de gros fagots de branchages utilisés pour freiner le ruissellement et l'érosion des sols sur lesterrains escarpés, stabiliser les berges des retenues d'eau ou encore réaliser des ouvrages de défense (fortifications, comblement de fossé…).

 

Au jardin, elles constituent, plus modestement, un moyen original de délimiter les parcelles et, si votre terrain est légèrement en pente, d'aménager de petites terrasses, plus faciles et agréables à travailler.
 

Il existe différentes formes de fascines que vous pouvez vous procurer facilement dans les jardineries. Le plus simple (et le plus économique) consiste cependant à les fabriquer vous-même.
 

Commencez d'abord par vous procurer de solides piquets d'acacia -l'un des bois les plus résistants à l'usure du temps- de chêne ou de châtaignier de 80 cm à 1 m de longueur, pointe comprise. Disposez-les en ligne tous les 40-50 cm puis, à l'aide d'une masse, enfoncez-les profondément (sur au moins la moitié de leur hauteur) afin qu'ils résistent bien au poids de la terre et à la torsion des branches. Tressez ensuite le long de ces piquets de longues tiges d'osier ou de bambou fraîchement coupées afin qu'elles gardent toute leur souplesse puis coupez au sécateur les extrémités qui dépassent. Vous pouvez également utiliser de jeunes branches de noisetier ou de châtaignier, mais ces essences se conservent moins longtemps.
 

Les alignements de pierres
 

C'est de loin la solution la plus facile à mettre en œuvre. Utilisez pour cela de belles pierres (meulières, blocs de granite, de calcaire ou de schiste, gros galets de rivière…) que vous enterrerez plus ou moins profondément le long du massif ou de l'allée que vous souhaitez délimiter. Inconvénient: certaines herbes envahissantes comme le chiendent, le liseron ou la renoncule rampante adorent se faufiler dans leurs interstices d'où elles deviennent difficiles à déloger. Vous pouvez également édifier de solides murets en pierre sèche ou maçonnés, mais c'est une autre paire de manches! Si vous manquez d'expérience, mieux vaut faire appel à un professionnel (maçon, paysagiste…).
 
Rondins, poutres et traverses

 

Qu'ils soient disposés horizontalement ou enfoncés verticalement à touche-touche, ces accessoires permettent de réaliser des bordures esthétiques et pérennes. Attention toutefois aux vieilles traverses de chemin de fer traitées à la créosote qui jouissent malheureusement d'une certaine cote auprès de nombreux jardiniers. Très rémanent, ce désinfectant du bois libère en effet des produits (HAP ou hydrocarbures aromatiques polycycliques) classés cancérigènes par le Centre international de recherche contre le cancer. Évitez, en tout état de cause, d'en installer dans votre potager!
 

Sur votre agenda
 

• 25-26 janvier: Mimosalia. À la découverte des fougères, ginkgos, cycas... des plantes qui vivent sur Terre depuis plus de 300 millions d'années. Place Saint-François. Bormes-les-Mimosas (Var).
 

• 30 janvier: journée de conférences et d'échanges sur le thème «Fleurs et floraison» à la Société nationale d'horticulture de France (SNHF), Paris.
 

• Jusqu'au 2 février: «Noces végétales», exposition de Tzuri Gueta, grandes serres du Jardin des Plantes, Paris.
 

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