Des coraux s'adaptent au réchauffement

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Certaines espèces devraient résister au changement climatique, mais restent sous la menace d'autres pollutions.

Enfin une bonne nouvelle pour les coraux! Les annonces de récifs coralliens de plus en plus dégradés se sont succédé ces dernières décennies. En cause, le blanchiment lié au réchauffement climatique. Une étude menée par une équipe de chercheurs de Stanford (USA) montre que l'espèce Acropora hyacinthus est capable de s'habituer rapidement à des eaux plus chaudes que celles dans lesquelles elle baigne ordinairement. «La température de l'eau abritant des récifs coralliens n'est pas la même partout dans le monde, il est donc logique de penser qu'ils peuvent s'acclimater à différents niveaux de température», explique Stephen Palumbi, le principal auteur de l'étude publiée dans la revue Science. «Nos travaux le démontrent, et cela peut aider à leur gestion au fur et à mesure que les océans se réchauffent», ajoute-t-il.
 

«On se doutait qu'à long terme, certains coraux étaient capables de s'adapter en modulant leur expression génétique, commente Serge Planes (CNRS), directeur d'étude à l'EPHE (École pratique des hautes études) et grand spécialiste de ces animaux d'un genre particulier. Ce qui est original dans ce travail, c'est que les scientifiques confirment qu'ils sont aussi capables d'une acclimatation très rapide en modifiant leur relation aux algues avec lesquelles ils vivent en symbiose. Une mesure de survie.»
 
Une évolution génétique

 

Pour leur recherche, les Américains se sont rendus sur les îles Samoa (sud de l'océan Pacifique) où les eaux de certains récifs peu profonds peuvent atteindre 35 °C, ce qui est élevé pour des coraux. Ils ont ensuite fait des transplantations de coraux provenant d'eaux plus froides dans ces eaux chaudes et vice versa. Ils se sont alors rendu compte qu'assez rapidement, les espèces soumises à des eaux plus chaudes que dans leur milieu d'origine devenaient plus tolérantes à la chaleur. Certes, moins que les espèces indigènes, mais en tout cas, elles atteignaient rapidement une certaine résistance qui aurait dû mettre des années par le biais d'une évolution génétique.


«On sait également que les récifs de surface sont moins vulnérables que ceux des grandes profondeurs car ils sont plus régulièrement soumis à des changements de température», précise de son côté Mireille Guillaume, maître de conférence au Muséum nationale d'histoire naturelle qui a mené des observations sur les récifs autour des îles Éparses dans l'océan Indien.
 

«Il faut arrêter d'être systématiquement alarmiste quand on parle des coraux»
 

Serge Planes


«Ces différents constats nous permettent de dire qu'il faut arrêter d'être systématiquement alarmiste quand on parle des coraux. Le réchauffement climatique ou l'acidification ne signifient pas qu'ils vont totalement disparaître. Les récifs de demain seront différents de ceux d'aujourd'hui, certaines espèces seront favorisées et d'autres non», insiste Serge Planes. Avec un bémol toutefois: «Dans cette période de transition et de bouleversement de l'écosystème, il est très important de préserver le plus d'espèces possibles car on ne sait pas aujourd'hui celles qui vont résister et celles qui vont disparaître.»
 

Or le réchauffement climatique et l'acidification de l'eau des océans ne sont pas les seules menaces actuelles: sédimentation, surpêche, activité humaine et pollution en tout genre assombrissent le tableau. «Malgré la sanctuarisation de la Grande Barrière en Australie on a déjà constaté que le corail avait diminué de 15 % en raison de l'activité humaine locale», précise encore Serge Planes. L'Unesco vient d'ailleurs de condamner le feu vert donné par les autorités australiennes au déversement de 3 millions de mètres cubes de gravats dans les eaux de la Grande Barrière. L'agence onusienne menace de la placer sur la liste des sites du patrimoine mondial en péril.
 

 

 

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