Les effets du cancer sur la vie intime

La moitié des femmes touchées par un cancer rapportent des difficultés dans leur sexualité.

Laurence a vu sa vie intime changer depuis son opération pour un cancer du sein, il y a deux ans. À 39 ans, elle décrit une sexualité différente: «On fait beaucoup de câlins, on se touche beaucoup. C'est quelque chose qu'on n'avait pas beaucoup développé avant. Ce sont de très chouettes moments.»

Un tel témoignage ne peut être généralisé, selon Bénédicte Panes-Ruedin, infirmière spécialisée en oncologie et sexologie, qui mène, à l'université de Lausanne, en Suisse, une étude de suivi de 150 couples dont la femme a été traitée pour un cancer du sein. «Il y a aussi des couples pour qui la maladie, les traitements n'ont rien changé à la sexualité active, d'autres pour qui c'est plus difficile», a-t-elle rapporté le 8 novembre à Lille lors des 2es Rencontres cancer & sexualité, organisées à l'initiative de l'Association francophone pour les soins oncologiques de support.

 

Un manque d'informations

Après un cancer du sein, plus de la moitié des femmes présentent des difficultés sexuelles. «Le sein, comme le visage, est l'une des zones du corps les plus investies, explique Laura Verelst, psychologue à la Plateforme santé du Douaisis, il est en outre un symbole de féminité et un signal érotique majeur.»

Pourtant, le sujet est rarement abordé clairement par les soignants en cancérologie. Dans l'enquête mécénat Simone Pérèle/Institut Curie, deux femmes traitées sur trois regrettaient un manque d'informations sur les répercussions du cancer et de son traitement sur la sexualité.

Les partenaires jouent un rôle important dans la récupération d'une bonne image de soi. Le mois dernier, lors d'une soirée sur ce thème à l'Institut Gustave-Roussy, les hommes présents se réjouissaient d'une plus grande intimité depuis le cancer, mais soulignaient aussi leur difficulté à trouver le bon équilibre avec leur compagne. «Comment lui faire comprendre que j'ai envie d'elle sans paraître égoïste, alors qu'elle-même n'aime plus son corps?» demandait par exemple Paul, 52 ans.

Car, pour revivre une sexualité épanouissante, encore faut-il renouer avec son corps érotique. Fanny Angius est socio-esthéticienne à la Plateforme santé du Douaisis. Elle aide les femmes à retrouver leur potentiel de séduction. Qu'il s'agisse de se maquiller les cils et les sourcils, d'embellir ses ongles malmenés par la chimiothérapie, ou encore d'user des turbans et foulards en cas de perte de cheveux. «On peut en avoir toute une panoplie de couleurs différentes, pour jouer avec eux, en faire des accessoires de charme et de séduction et, pourquoi pas, un objet de sexualité», s'enthousiasme Fanny Angius.

 

Une rééducation pelvienne par des vibromasseurs

Au rang des objets utiles, les médecins n'hésitent d'ailleurs plus à recommander les sextoys. «En cas de radiothérapie du petit bassin (pour cancer gynécologique, NDLR), je prescris une rééducation pelvienne par des vibromasseurs, maintenant qu'il existe un grand choix de tailles, de couleurs, de textures», explique Isabelle Gabelle-Flandin, oncoradiothérapeute et sexologue au CHU de Grenoble. «C'est plus sympa qu'un dilatateur vaginal», ajoute-t-elle.

Le plus important reste l'utilisation d'un lubrifiant en cas de sécheresse vaginale. «Par exemple, un lubrifiant à longue durée d'action couplé à un autre, d'action plus ponctuelle», suggère le Dr Marie Véluire, gynécologue et sexologue à Paris. «La sexualité, c'est le corps vécu par le sujet, souligne le Dr Marie-Hélène Colson, sexologue à Marseille, et il est toujours possible d'en jouir même lorsque l'on est malade.»

 

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