Houcine Dimassi: L’économie tunisienne n’a pas besoin de «dialogue» mais de «mesures audacieuses»

Pour Houcine Dimassi, le «dialogue économique» préconisé par le gouvernement Jomaa est inutile. Et le temps est aux décisions audacieuses, fussent-elles douloureuses.

L’économiste et ancien ministre des Finances a estimé que «l'organisation d'un dialogue national pour chercher des solutions consensuelles à crise économique actuelle est une perte de temps et risque d'éloigner le gouvernement de sa mission essentielle».

L'organisation de ce dialogue, dont la conférence est prévue pour le 28 mai prochain, «est une perte de temps et risque d'éloigner le gouvernement de la mission qui lui est dévolue, celle de rétablir la sécurité, de restaurer la confiance et de sortir de la crise économique étouffante que traverse la Tunisie», a expliqué Houcine Dimassi, qui s'exprimait lors d'une conférence, samedi soir, à Houmet Souk à Djerba, gouvernorat de Médenine (sud-est).

«Le dialogue n'aboutira pas à des solutions urgentes à la situation économique, car chacun défendra son point de vue», a-t-il argumenté. «Il y a donc lieu maintenant de prendre des mesures urgentes et audacieuses, dès lors que l'économie est agonisante», a-t-il insisté.

«L'organisation de ce dialogue est donc inapproprié du moment que les problèmes économiques ne peuvent pas être résolus grâce à des solutions consensuelles», a encore soutenu l’ancien ministre des Finances.

D'après le célèbre économiste, la Tunisie vit les moments les plus difficiles de son histoire car elle continue d'adopter un modèle de développement caduc qu'aucun gouvernement en place n'a eu l'audace de changer.

«Ce qui a contribué à créer une situation complexe et floue c’était l'émergence de courants politiques après la révolution qui n'avaient pas pour but de changer le modèle de développement autant qu'ils avaient l'intention de changer le modèle de société», a-t-il regretté, faisant ainsi allusion au mouvement islamiste Ennahdha, qui a mis les thèmes de l’identité arabo-islamique, du port du voile, etc., au coeur du débat politique national.

La croissance modeste enregistrée durant les 3 dernières années dans des secteurs non productifs classés désormais comme des secteurs clés de l'économie ne fait qu'aggraver la situation, a également mis en garde M. Dimassi.

L'économiste a appelé, à cet égard, à prendre des mesures d'urgence en termes de dépenses de compensation, des salaires, de réduction des dépenses de l'Etat, des finances publiques, des équilibres économiques et financiers et de la dynamisation des secteurs paralysés.

M. Dimassi a dit craindre les réactions face à la loi de finances complémentaire qui prévoit des mesures «douloureuses» pour les catégories sociales moyennes et démunies, tout en estimant que ces mesures «sont dictées par la situation actuelle».

I. B. (avec Tap).

 

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