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Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI
Ce mardi, sur les coups de midi, Paris officialisera sa candidature à l'organisation des Jeux olympiques en 2024. Forte d'un dossier déjà structuré et des leçons des campagnes passées, la capitale veut mettre toutes les chances de son côté.
«Si Paris s’engage, ce sera pour gagner et uniquement pour cela.» Il y a encore un an de cela, alors qu’il était permis de douter de sa motivation sur le dossier, Anne Hidalgo avait clairement exprimé son ambition en cas de nouvelle candidature parisienne pour organiser les Jeux olympiques. Dans le viseur, l’édition 2024, hautement symbolique puisque la Ville Lumière avait organisé pour la dernière fois la compétition en… 1924. Avec un impératif : ne pas revivre les échecs connus pour 1992, 2008 et, surtout, pour 2012, où la désignation de Londres fut vécue comme un terrible coup de poignard. De vives déceptions qui pourraient cependant servir les intérêts de la capitale française alors que les éventuelles réticences de sa maire ont depuis longtemps disparu…
Une date d'officialisation symbolique
Ainsi, le coup d'envoi de la troisième candidature parisienne du XXIe siècle aura lieu ce mardi, à midi, au siège du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), et se déclinera tout au long de la journée au cœur de la Ville, notamment sur les berges de la Seine. Le choix de la date ne relève en rien du hasard. Officialiser cette candidature le 23 juin, Journée olympique mondiale, permet de replacer le sport et l'Olympisme au centre du projet. Contrairement, donc, à ce qu'aurait symbolisé une annonce officielle le 14 juillet, date un temps évoquée par les promoteurs politiques de la candidature : la Ville, l'Etat, la Région. Le jour de la Fête Nationale, le projet sera déjà lancé et ce sera aux politiques d'adresser aux Français un message fédérateur.
Mais ce mardi, ce sont les sportifs qui seront à la manœuvre, «eux qui vont mener la candidature et nous qui allons pousser derrière», selon la métaphore rugbystique de Jean-Paul Huchon, président de la Région Ile-de-France, hommage à Bernard Lapasset, président de la fédération internationale de rugby et homme-orchestre du dossier. Aux côtés du vieux briscard de la diplomatie sportive, patron d'une fédération chipée aux Anglo-saxons et artisan de l'entrée du rugby à 7 au programme des JO, ce n'est en effet pas un politique ou un homme d'affaires que l'on trouve mais Tony Estanguet, triple champion olympique de canoë-kayak, fraichement élu au CIO où il a déjà séduit par son assiduité. Pour ce simple fait, Paris 2024 paraît autrement mieux née que ses devancières.
Pour éviter les erreurs du passé
— Bernard Lapasset
Sous leur houlette, les partisans du dossier ont travaillé depuis début 2014 selon une méthode progressive, définissant dans une étude de faisabilité et d'opportunité les grands traits techniques, les enjeux, les chances, le contexte d'une éventuelle candidature avant de fédérer les soutiens politiques parfois les moins évidents, comme celui évoqué précédemment de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Ce cheminement, salué par le CIO et son président Thomas Bach comme «exemplaire», sera couronné une première fois ce mardi. «On a tenté de faire les choses dans le bon ordre», dit Lapasset, président de l'Association Ambition Olympique, avant de prendre vraisemblablement les manettes de la candidature. «Pour éviter les erreurs du passé.» Comme la faiblesse du lobbying sportif et politique observé face à Londres pour l’édition 2012.
Surtout, Lapasset et compagnie ont tiré les enseignements de l'Agenda 2020, énonçant un certain nombre de mesures préconisées par le CIO, pour présenter un projet modeste (6 milliards d'euros de budget total prévisionnel) qui réemploie un maximum d'infrastructures existantes ou programmées (Stade de France, Bercy, Arena 92) et d'incontournables spots parisiens (Champs de Mars, Grand Palais etc.). Le tout bénéficiant du réseau de transport du Grand Paris, déjà planifié. Alors que les concurrents déclarés (Boston, Hambourg et Rome, en attendant peut-être Istanbul ou Budapest) ont posé le mot candidature sur un dossier un peu mince, Paris se déclare en ayant arrêté nombre de choix essentiels. Et ce, plus de deux mois avant la date limite du dépôt des candidatures auprès du CIO, le 15 septembre.
Un dossier déjà extrêmement bien ficelé
Les sites des installations à construire sont peu ou prou tous identifiés à l'exception notable du village olympique pour lequel deux à trois zones sont encore en concurrence. La désignation de la ville hôte des épreuves de voile ne saurait tarder, tout comme celle des stades retenus pour le tournoi de football. Le slogan «Je veux les Jeux» devrait accompagner la campagne. Et son plan de financement (autour de 60 millions d'euros) est dans les tuyaux avec notamment un recours programmé au financement participatif qui devrait être lancé fin septembre auprès de l'ensemble de la population française encore partagée sur le projet, en particulier sur ses retombées financières et fiscales. Car le défi majeur qui attend désormais Paris 2024 durant les deux années de campagne qui s'achèveront à Lima, à l'été 2017, est de séduire, en France et au-delà des frontières, ceux qui, notamment, gardent un goût amer du dernier échec olympique de la capitale.
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