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Vice-champion d’Europe du décathlon à Zurich en 2014 mais forfait aux Mondiaux-2015 de Pékin, Kevin Mayer a rapidement gagné sa place à Rio pour ses deuxièmes Jeux Olympiques. « Je n’ai qu’une hâte : poser mes pieds sur le stade », glisse-t-il avec gourmandise. A 24 ans, il estime avoir beaucoup appris de ses expériences passées, bonnes ou mauvaises, pour décrocher une médaille, dans une épreuve qui débute aujourd'hui : « J’ai largement le potentiel pour le faire, mais je n’ai pas la prétention de dire que je vais le faire. »
« Je suis un gagnant. Pas un mauvais perdant mais un gagnant. » Kevin Mayer rigole de cette belle phrase. L’une des belles gueules du sport français a un double visage. Calme, serein, pondéré et enjoué dans le civil, et une vraie bête de course sur la piste, un affamé, un explosif. « J’ai besoin de me transcender, de crier », avoue le natif d’Argenteuil. Ce caractère volcanique se marie parfaitement avec les exigences de son sport, faites de montées d’adrénaline avant et pendant une épreuve, puis d’une redescente et d’une relaxation relative avant la prochaine.
« Changé mon hygiène de vie »
Tout cela, Kevin Mayer a appris à le gérer. C’est son quotidien. Mais il avoue avoir progressé depuis un an dans les détails, ceux qui font la différence entre une médaille et une désillusion. « On apprend forcément de ses erreurs. Et si je me suis blessé, c’est qu’il y en a eues », analyse-t-il. En 2015, il se tord la cheville dans un bac à sable. « On a bien rétabli la cheville mais j’ai recouru rapidement dessus. J’étais déséquilibré, et je me suis pété l’ischio. Cela ne m’arrivera plus. » Pour éviter que cela se reproduise, il a également fait attention à sa nutrition : « J’ai changé mon hygiène de vie. Je me suis rendu compte qu’au fur et à mesure que mes objectifs augmentent, il faut que mon sérieux suive le même chemin. Je suis de moins en moins blessé, et du coup je m’entraîne plus régulièrement. » Pour un jeune homme de 24 ans, dont les amis sont à l’université, c’est parfois difficile de résister à la tentation. « Il ne faut pas rester cloitré chez soi, mais l’alcool est à bannir », souligne-t-il dans un sourire.
Malgré son jeune âge, le champion du monde juniors 2010 et d’Europe juniors 2011 possède un bon bagage. « Entre JO, Mondiaux, Euro, j’ai tout fait, et je sais exactement comment réagir. Je pense avoir eu droit à tous les scénarios possibles dans un décathlon, et cela va m’aider pour être serein. Même en cas de contre-performance dans une épreuve, je sais que je peux rebondir pour aller chercher quelque chose. » A Londres en 2012, il était déjà présent dans le stade olympique. « Il y a tellement d’émulation autour, que cela ne sert à rien de vouloir y penser sans cesse », estime-t-il. « Il faut se laisser porter par la vague. Je l’ai appris à Londres. Je n’avais pas réussi à le faire là-bas. J’avais l’impression qu’il fallait que je sois absolument concentré pour faire un résultat. L’émulation créé un niveau de concentration tellement énorme, qu’il faut se laisser aller. » Ce n’est que lorsqu’il avait « abandonné l’idée que ce serait un bon décathlon » qu’il a performé, notamment sur 1500m : « Les gens voyaient quelqu’un devant, et ils étaient comme des fous. Ca m’avait transcendé. » C’est donc cet état qu’il recherchera au Brésil.
Son bonheur pour une médaille
Quatrième des championnats du monde en 2013, vice-champion d’Europe en 2014, il retrouve le cours de sa carrière cette saison, avec une qualification acquise très rapidement. « J’avais énormément de pression tout autour de moi après avoir raté Pékin. A certains moments, on est seul à avoir confiance en nous. Cela peut être compliqué d’avoir ce poids sur les épaules. » Il sait qu’il lui faudra montrer encore davantage pour viser un podium que les décathloniens français n’ont plus connu depuis 1948 (Ignace Heinrich en argent, Ndlr), aux JO comme aux Mondiaux. « A partir du moment où il y aura une médaille, ce sera le bonheur », prévient Kevin Mayer. « J’ai largement le potentiel pour le faire, mais je n’ai pas la prétention de dire que je vais le faire. »
Mais un homme est au-dessus de tout le monde : Ashton Eaton. A Pékin, l’an dernier, l’Américain a amélioré son record du monde (9 045 points), et il a tout gagné depuis 2012. « Ce gars est exceptionnel, mais il a prouvé qu’il pouvait se trouer sur certaines épreuves. De ce fait il est battable. S’il fait un décathlon à la hauteur de son record du monde, ça va être très difficile de le suivre. A Rio, j’irai pour le battre. Je ne suis jamais rentré dans un décathlon en me disant qu’un adversaire est intouchable. Il n’y a pas de raison de faire un décathlon pour ne pas le gagner. »
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