Art et culture

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

L’homme indécis

Oblomov est un roman qui a eu beaucoup de succès au théâtre. En Russie, il a été beaucoup adapté : le personnage inventé par Gontcharov est un tel symbole ! (On parle même d’oblomovisme pour traduire un certain fatalisme.) En France, nous avons eu les transpositions par Marcel Cuvelier (dans les années 60) et par Dominique Pitoiset (avec Hervé Pierre) il y a vingt ans, ainsi que la récente interprétation par Guillaume Gallienne à la Comédie-Française. La version que propose ne prend pas du tout le même chemin. On y entend aussi bien l’histoire, qui est celle d’un homme indécis, hésitant, paresseux, qui ne veut pas quitter sa maison, fait quand même un voyage à Paris, ne voyage plus ensuite et reste auprès d’une femme qui n’est pas celle dont il avait été longtemps épris. Mais cette histoire n’est pas tout le temps jouée ; les comédiens se répartissent la narration et endossent tantôt la fonction de narrateur, tantôt celle d’interprète d’un personnage. De la même façon ils font entrer des éléments de décor et les enlèvent sur une scène qui est le plus souvent dépouillée.

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La beauté en chacun de nous

Etonnant spectacle qui nous rappelle que les canons de la beauté et de l’élégance sont toujours étroits et conventionnels et que, souvent, l’émerveillement naît là où l’on avait oublié d’aller regarder ou dans un contexte où l’on n’avait pas encore cherché à inventer et à créer. Avec La Danse (im)mobile Clémentine Célarié fait un bond remarquble vers un théâtre où on ne l’attendait pas et où elle nous touche d’une manière profondément humaine et originale. Ayant fait la connaissance du comédien handicapé Thierry Monfray et l’ayant confronté au danseur de hip hop Olivier Lefrançois, elle eut l’idée de construire une pièce autour de personnes en fauteuil roulant qui ne sont en rien des êtres sans mouvement mais, au contraire, des gens qui ont leurs propres mouvements et même leur art de la danse. Elle a écrit un conte où un roi vit entre une « sœur roulante » (jouée par Lauren ou Vanessa François, selon les jours) et une « sœur marchante » (incarnée par elle-même, Clémentine Célarié). Ces trois personnages se cherchent, se côtoient, s’opposent parfois et trouvent l’harmonie.

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Matei Visniec, auteur roumain qui écrit désormais en français, ne cesse de nous étonner. Son théâtre à forte charge politique parcourt les différentes zones de l’absurde et affectionne de plus en plus les jeux de langage. Pour preuve, ce Moi, le mot le bien-nommé. Chaque scène part d’un mot et voyage autour de lui. Le mot prend forme ; cette forme est celle d’un des trois acteurs, Rebecca Forster, Eva Freitas, Aurélien Vacher, qui se métamorphosent selon le vocable. Il y les termes nobles, Grammaire, Poésie, et des substantifs moins convenables, Putain et quelques autres. Visniec est d’une malice confondante. C’est toute notre culture qui est prise au piège dans cette visite des sens cachés et cette traque de la vérité derrière les mensonges de la langue officielle. Tout cela est écrit sans grammaire, affirme-t-il.

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Si les auteurs vivants ont maintenant pignon sur rue, s’affichent dans nos théâtres et Centres dramatiques Nationaux, s’éclatent… ( de rires subversifs) au Théâtre du Rond- Point, ils ne le doivent pas à la seule pugnacité de Jean-Michel Ribes, mais aussi à celle de quelques-uns qui, depuis belle lurette, œuvrent à les faire connaître et à les propager. Parmi ceux-ci, outre Théâtre Ouvert initié par Lucien et Micheline Attoun, Michel Didym et sa Mousson d’été devenue manifestation essentielle et sans laquelle le paysage du théâtre d’aujourd’hui serait moins luxuriant.

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Fausto Paravidino n’est pas seulement l’auteur politique italien que l’on connaît (Gênes 01, Nature morte dans un fossé). C’est aussi un observateur de la société et de l’évolution des mœurs. Dans cette pièce, trois personnes partagent un même logement. En Italie aussi, on a des « colocs » ! Ces trois locataires sont deux frères et une jeune fille. L’un des frères est l’amie de la jeune fille mais celle-ci commence à se désintéresser de lui. Quand il s’absente pour plusieurs mois, la voie est ouverte pour que l’autre frère et la jeune Erica nouent une relation physique et amoureuse. L’absent revient. Un drame semble inévitable.

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De grands traits de maquillage encadrant l’œil, une pierre lumineuse dans la bouche, les deux acteurs qui entrent dire et jouer les poèmes d’Apollinaire sortent de l’ombre, comme d’étranges personnages dessinés par le cubisme. Le décor qui s’éclaire est cubiste aussi, faits de panneaux triangulaires, de colonnes, d’objets incongrus. Quel Apollinaire va l’emporter ?