Michael Jackson, un filon qui s'épuise

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Xscape, le nouvel album posthume du «roi de la pop», sorti aujourd'hui n'apporte rien au mythe. Et soulève la question de la gestion posthume de son œuvre.

Dans les jours qui ont suivi la mort de Michael Jackson, le 25 juin 2009, Sony Music avait signé un accord promettant dix lignes de produits consacrés à l'artiste dans les années à venir.

 

Après This is It, bande originale du film des répétitions avortées du show qui devait marquer son retour sur scène, le décevant Michael en 2010 et l'édition marquant le 25e anniversaire de la parution de Bad en 2012, Xscape est le nouveau produit diffusé par la maison de disques historique du «roi de la pop». Michael Jackson finira-t-il , comme d'autres musiciens, à bénéficier d'une discographie post-mortem plus abondante que de son vivant? Depuis sa mort, en 1970, Jimi Hendrix a fait l'objet de multiples éditions posthumes. La dernière date de l'an passé. À ce rythme-là, Jackson publiera encore des disques en 2050...
 

Les chutes issues de séances de studio réalisées entre 1983 et 1999 ont, cette fois, été confiées à une équipe de réalisateurs artistiques placés sous la houlette de L.A. Reid, producteur exécutif et président du label Epic, qui commercialise les albums de Jackson depuis Off the Wall, en 1979. Le réalisateur à succès Timbaland fait partie de ces chirurgiens invités à rendre présentables des ébauches plus ou moins complètes. À grand renfort de cordes, rythmiques appuyées et autres gimmicks sonores, les squelettes des chansons semblent avoir été gonflés aux stéroïdes.
 

Pourtant, quelques morceaux de Xscape surnagent. Ainsi, une chanson démarrant par une syncope rythmique inspirée du Higher Ground de Stevie Wonder et qui s'achève avec une mélodie de voix tirée du tube country-rock A Horse With No Name (America, 1972) tire son épingle du jeu, malgré des références évidentes. Ailleurs, le rafistolage donne une sonorité pasteurisée à la musique. La production surchargée déforme l'intention originelle de Jackson, dont la présence vocale est parfois écrasée.
 

Xscape n'apportera rien au mythe d'un artiste qui est entré dans la postérité de son vivant. Certains passages raviront les plus passionnés de ses fans, quand d'autres soulèveront la question de la pertinence de l'exploitation forcenée d'archives que l'homme n'aurait certainement jamais voulu voir sortir. Il est préférable de découvrir Michael Jackson en écoutant les titres qui ont fait sa gloire et son succès plutôt que ces morceaux uniquement destinés à amortir une des successions les plus juteuses de la musique populaire.
 

 

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