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Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI
Ah la vie exaltante des comédiens en tournée !
Ils vont de ville en ville apporter la bonne parole d’un théâtre engagé. Ils jouent devant des auditoires médusés, des salles pleines à craquer résonnant d’applaudissements sans fin. Hélas trois fois hélas, ce commentaire élogieux est loin, très loin de la réalité, qui est toute autre !!!!
Les plaines de Kiev est une pièce exigeante, qui ne rassemble pas les foules. Le public est parfois bien difficile ou inculte ! Mais il est surtout rare.
Pour les comédiens, cette tournée est providentielle pour certains, bien décevante pour les autres. Leur spectacle est en rodage, ils seront fin prêt pour affronter la Mecque du théâtre : le Festival d’Avignon. Là ils en sont sûrs, les journalistes viendront faire des papiers élogieux et un public de connaisseurs fera la queue devant le théâtre. En attendant, ils vont d’hôtel en hôtel pour cette tournée internationale qui les promène d’Alsace en Corse puis à Bruxelles. La troupe a très peu l’esprit d’équipe et les petits egos se révèlent selon la qualité des chambres. Il y a la Star, enfin surtout connue pour sa pub sur la brioche, le comédien de dernier ordre qui a une haleine déconcertante, la jeune première apparemment idiote et qui comprend à sa façon les indications de mise en scène, et le jeune premier qui est très « premier degré ». Le metteur en scène est prêt à tout pour que sa mise en scène géniale fonctionne. Bien sûr il n’a pas choisit la facilité. L’auteur russe Des plaines de Kiev est un obscur écrivaillon dont personne n’a jamais entendu parler. Il a une foi qui déplacerait des montagnes. Oui, mais pas les producteurs. Il cache courageusement et peut-être un peu lâchement, la vérité à sa troupe. Mais les mécènes ne sont pas morts, seulement il faut les trouver !
Didier Caron et comédie sont deux mots qui vont très bien ensemble. Les Nombrils égratignent gentiment ces tournées catastrophiques qui trimballent de ville en ville des pièces en rodage. La troupe est un peu caricaturale mais la blonde idiote reproduisant les indications de son metteur en scène est un moment hilarant. Avec beaucoup de tendresse, il décrit ces comédiens en mal d’amour et de reconnaissance. Chaque protagoniste pense à lui et que ce nombril qui est le sien est le centre du monde. Le thème n’est pas neuf mais Didier Caron a eu l’excellente idée de nous dépeindre le périple de la troupe par les différents hôtels de leur étape. A chaque région, sa distinction régionale (avant refonte politique). L’Alsace et sa cigogne, nous vous laissons deviner le totem corse ou belge. Le décor de Nils Zachariasen est émaillé de petites trouvailles. La troupe des Nombrils est constituée par des comédiens émérites du rire. Du râleur campé par le solide Christophe Rouzaud, à la délicieuse Jane Resmond en jeune première nunuche qui nous offre l’une des scènes les plus drôles de la pièce, Isabelle Ferron qui subit les ravages de la publicité, Bruno Paviot en jeune premier qui intellectualise tout, et leur pauvre metteur en scène François Raison. Dans chaque hôtel sans étoile que la troupe fréquente le réceptionniste est interprété par Philippe Gruz qui sait prendre tous les accents du terroir et atteint des sommets en Corse et en Belgique. Le final de la tournée catastrophe est une vraie récompense. Regardez attentivement l’affiche, le sac de voyage qui porte les étiquettes des étapes glorieuses de la tournée est un peu cabot. Cette nouvelle comédie de Didier Caron est un divertissement bien agréable.
LES NOMBRILS
Comédie de Didier Caron
Avec Isabelle Ferron, Philippe Gruz, Bruno Paviot, François Raison, Jane Resmond, Christophe Rouzaud
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