La bibliothérapie : quand le livre devient médicament

Et s’il suffisait de lire pour se sentir mieux ? C’est le postulat de la bibliothérapie, néologisme signifiant littéralement « thérapie par le livre ». Très en vogue outre-Manche, cette pratique commence à intéresser les Français… à dose homéopathique !

« Burn-out ». Lorsque le Dr Pierre-André Bonnet pose son diagnostic, Nadège comprend qu’elle ne traverse pas juste une petite déprime de printemps. « Mon boss m’en demandait toujours plus, sans jamais manifester le moindre signe de gratification et mes collègues me harcelaient. J’ai fini par craquer » raconte cette habitante de Vedène. Si le premier réflexe du médecin consiste à lui prescrire des antidépresseurs, sa seconde option est beaucoup plus rock n‘roll. « Comme mon état ne s’améliorait pas, il m’a demandé si j’aimais lire. Je suis repartie avec une ordonnance sur laquelle figurait trois livres dont Ne plus craquer au travail (1) sourit cette trentenaire avant de raconter que la lecture ne l’a certes pas guérie, mais lui a montré qu’elle n’était pas seule à traverser ce genre d’épreuve. Plus précieux encore, cela lui a permis de comprendre qu’elle avait vraiment besoin d’aide. « J’ai réalisé grâce à ces ouvrages que si je ne me faisais pas accompagner, je ne remonterais pas la pente » confie-t-elle.

À l’instar de Nadège, Francine a quant à elle été encouragée par le Dr Bonnet à lire Psychologie de la peur  (2) pour apprivoiser sa phobie des serpents. Loin d’être un apprenti-sorcier qui prendrait ses patientes pour des cobayes, ce généraliste utilise une pratique vieille comme le monde : la bibliothérapie. « S’agissant d’un néologisme, chacun met ce qu’il veut derrière. Je considère pour ma part que c’est la lecture d’un ouvrage motivé par l’amélioration de son bien être mental » illustre ce médecin auteur d'une thèse intitulée « La bibliothérapie en médecine générale ».

Contrairement à l’Angleterre, pays chantre des librairies spécialisées et des ordonnances littéraires, la France s’intéresse encore peu aux « livres médicament ». A écouter Pierre-André Bonnet, c’est pourtant « bien dommage » tant les résultats sont probants. « Des études ont montré que leurs effets de la bibliothérapie étaient comparables à ceux d’une psychothérapie classique pour certaines pathologies comme la dépression ou les troubles anxieux  », informe-t-il… A condition toutefois que la dépression ne soit pas trop sévère comme le précise Nadège : « Si j’avais lu les ouvrage dès les premiers symptômes, je n’aurais sans doute pas eu besoin d’aller voir un psy mais au stade où j’en étais, les livres se sont révélés insuffisants pour m’en sortir seule » précise Nadège. « À condition peut être aussi d’avoir déjà de solides bases psychiques », suggère Francine déjà passée par la case psychothérapie quand elle était plus jeune.

 

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