JMC 2015-Enseignement musical, musicologie et droits d’auteurs en Tunisie, quelle réalité?

L’enseignement musical, la recherche en musicologie et les droits d’auteurs ont fait objet de débat mardi lors de la deuxième séance de la table ronde sur le rôle des métiers de la musique, organisée dans le cadre des Journées musicales de Carthage (JMC).

Evoquant les écoles privées de l’enseignement musical, l’artiste et compositeur Riadh Fehri a insisté sur le rôle majeur de ces écoles dans la formation des futurs musiciens.

Depuis près de dix ans, le ministère de la Culture n’accorde plus d’importance aux écoles de musique ce qui constitue, selon lui un « horrible crime contre la culture musicale ». Ce secteur a besoin aujourd’hui plus que jamais de soutien et nécessite une révision au niveau des méthodes d’enseignement, a-t-il insisté. Car, la musique est le meilleur moyen de construire l’identité musicale de l’enfant et faire naître en lui un goût raffiné pour la bonne musique ».

En Tunisie, la matière musicale diffusée par les stations de radio et les chaînes de télévision repose essentiellement sur les musiques étrangères et arabes aux dépends de la musique tunisienne, ce qui ne permet pas, non plus aux jeunes générations de connaître et d’apprécier leur patrimoine musical local, a déploré Riadh El Fehri.

Ce choix nuit également aux artistes eux mêmes dont les droits sont encore bafoués malgré une législation tunisienne semblable aux législations adoptées dans les pays développés, estime Ahmed Ben Hassana, avocat en droit privé et membre actif dans le secteur culturel.

Il a, dans ce sens, rappelé que la législation tunisienne qui protège les droits d’auteurs (poète, compositeur..) et les droits voisins (chanteurs, musiciens, producteurs), n’est pas respectée.

Dans la pratique, il existe une violation flagrante des droits d’auteurs surtout avec la multiplication du phénomène du piratage dans les commerces et les médias audiovisuels.

Prenant la parole, le directeur général de l’OTPDA, Youssef Ibrahim, a avancé que « le cadre législatif à lui seul n’est pas suffisant » car il faut avant tout «enraciner la culture de respect de ces droits » et « penser à un marché culturel et musical développé, structuré et bien organisé qui repose sur le respect de ces droits ».

Abordant la relation entre la musique et les sciences musicales, le chercheur spécialisé en musicologie Anas Ghrab a estimé que la recherche musicale ne rajoute rien à la musique mais le plus est dans le savoir musical ». Il y’a un plus au niveau de la composition et l’esthétique ainsi que les instruments de musique qui ont connu des évolutions depuis la fin du 19e siècle et l’avènement de la révolution industrielle qui a fait naître de nouveaux instruments. Ceci s’est manifesté par la découverte des fréquences hertziennes, l’enregistrement dans les studios, les fréquences électroniques, le synthétiseur électronique, la programmation musicale assistée par ordinateur…

La création des instituts de musique en début de 1900 et des centres de musiques électroniques aux USA (1952), a également eu un grand impact sur le secteur. « Mais la recherche musicale demeure du ressort de la musique internationale savante », a estimé Anas Ghrab.

 

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