Une canette de soda par jour = 5 années de vie en moins !

Des chercheurs américains de l'Université de San Francisco en Californie ont établi un lien entre la consommation quotidienne de soda et un vieillissement  accéléré de l'ADN. Dans le cas des plus gros consommateurs, plusieurs années de vie pourraient être perdues.

Un excès de sucre dangereux pour la santé

Une équipe de chercheurs américains s'est intéressée, pour la première fois, aux conséquences de la consommation quotidienne de soda sur l'organisme. Menée sur 5309 personnes de 20 à 65 ans, cette étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue scientifique American Journal of Public Health, montre l'existence d'un lien entre cette consommation et un vieillissement cellulaire accéléré.

Après avoir interrogés les participants sur la fréquence de leur consommation de soda, les chercheurs ont étudié des prélèvements ADN afin d'analyser leurs chromosomes. Ils ont ainsi constaté que plus la quantité de soda consommée était importante, plus l'ADN affichait un vieillissement précoce. Ce vieillissement a été évalué à travers l'étude des télomères, l'extrémité des chromosomes dont la longueur est déterminante dans l'état de santé. Les chercheurs se sont aperçus que ceux-ci étaient beaucoup plus courts que la normale chez les consommateurs de sodas.

Ainsi, comme l'affirme le professeur Elissa Epel, principale auteure de l'étude, « la consommation régulière de soda sucré semble influencer le développement des maladies (…) parce qu'elle accélère le vieillissement des tissus cellulaires ».

En effet, ainsi que l'explique Jean-Marie Lecerf, chef du service nutrition à l'Institut Pasteur de Lille, l'excès de sucre dans l'organisme déclenche un processus naturel, le stress oxydatif, qui produit des molécules nettoyant le corps des cellules inutiles. Cette substance bénéfique à petite dose, peut endommager les chromosomes des cellules si elle se retrouve en trop grande quantité dans l'organisme. C'est ce qui semble se passer chez les gros consommateurs de soda.

Parmi les participants, environ 20 % ont déclaré boire 600 mL de soda par jour, pour une consommation moyenne au sein de l'étude de 350 mL (une canette). Or, dès 350 mL par jour, les chercheurs ont estimé le vieillissement de l'organisme de 4,6 ans. Cet impact est comparable à celui du tabagisme, ou à l'inverse, de l'effet positif d'une activité physique régulière.

Développer la prévention chez les jeunes

De précédentes études, récompensées par le prix Nobel en 2009, ont démontré que la longueur des télomères était liée à la longévité et à l'état de santé. Depuis, on sait que de courts télomères indiquent une plus grande disposition au développement de maladies cardiovasculaires, de diabète ou de certains types de cancer.

 

Pour les scientifiques, la priorité est de sensibiliser les jeunes à cette situation. Ceux-ci sont en effet particulièrement exposés car fri ands de ces boissons. « L'essentiel, c'est de ne pas habituer les enfants à ce genre de boissons », pour Jean-Marie Lecerf. Elissa Epel, quant à elle, rappelle que le raccourcissement des télomères commence bien avant le développement des maladies. Ainsi, même si aucune étude spécifique n'a été réalisée chez les enfants, l'impact des boissons gazeuses pourrait être le même chez eux. Cette prévention est d'autant plus importante que, selon la Harvard School of Public Health, près de 50 % des Américains consomment des boissons sucrées tous les jours et 25 % en consomment l'équivalent de 4 canettes par jour. Quand on sait qu'une seule canette quotidienne accélère le vieillissement cellulaire de 4,6 années, une telle consommation ne peut qu'avoir des effets néfastes sur la santé.

Pour le professeur Epel, ces résultats doivent nous questionner sur l'impact de ces boissons sur les enfants. En effet, « cela explique peut être une grande partie de l'origine de la grande épidémie d'obésité, non seulement chez les adultes mais aussi chez les enfants de manière précoce. Les sodas pourraient en être l'un des coupables invisibles ».

 

Un approfondissement nécessaire

Le professeur Epel insiste sur le fait que des recherches supplémentaires devront être effectuées pour confirmer ces résultats. En effet, cette étude ne prouve pas que la corrélation observée soit une relation de cause à effet, bien qu'elle en suggère la possibilité, expliquent les chercheurs. Le professeur Epel a ainsi lancé une nouvelle étude de plusieurs semaines afin d'étudier en temps réel les effets de la consommation de soda.

Les limites de l'étude résident également dans le fait que les chercheurs se sont appuyés sur des échantillons d'ADN prélevés il y a une dizaine d'années sur les participants, qui ont dû se rappeler de leur consommation de soda à l'époque.

Comme le note David Jacobs, professeur de santé publique et d'épidémiologie à l'Université du Minnesota, cette étude est importante et met le doigt sur quelque chose de très intéressant. Cependant, la maladie est un processus s'opérant sur le long terme et il faudra donc mettre en place des études de plusieurs années pour pouvoir établir de manière sûre ces résultats.

 

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