Le stress plus dur pour le cœur des femmes

Touwensa. Agences-  Après un infarctus, elles vont pourtant moins souvent que les hommes en rééducation, où l'on apprend à gérer les situations stressantes.

Depuis une dizaine d'années, plusieurs études ont clairement démontré l'action négative du stress sur les maladies cardiovasculaires. Il serait même l'un des principaux facteurs de risque pour les candidats à la crise cardiaque, juste derrière le tabac et le cholestérol. Mais nous ne réagissons pas tous de la même manière face aux agressions. Et l'impact du stress sur le système cardiovasculaire pourrait même varier en fonction du sexe.
 

«Nous devons être particulièrement vigilants et prendre en compte les risques liés au stress chez la femme. D'autant qu'après un infarctus, les femmes vont deux fois moins souvent que les hommes en rééducation, alors que c'est là qu'on va leur apprendre à gérer leur stress», souligne le professeur Claire Mounier-Vehier, vice-présidente de la Fédération française de cardiologie, qui a rendu public, le 17 octobre, son livre blanc pour un plan cœur, dans lequel un chapitre entier est consacré aux femmes, «ces grandes oubliées des maladies cardiovasculaires».
 

Une étude publiée dans le Journal of American Collège of Cardiologie renforce cette nécessité. Le professeur Zainab Samad, de la Duke University (États-Unis), a suivi 56 femmes et 254 hommes soignés pour une pathologie cardiaque. Ces 310 personnes ont effectué trois tâches générant du stress: un test de calcul mental, un test de dessin en miroir et une conversation téléphonique avec une personne en colère. Elles ont ensuite participé à un test d'effort en courant sur un tapis roulant. Au cours de ces exercices, puis durant les phases de repos, la fréquence cardiaque, la pression artérielle ou encore des échantillons sanguins ont été analysés afin d'évaluer la réponse de l'organisme.
 

Des réponses physiologiques différentes
 

Les chercheurs ont constaté que les femmes exposées au stress mental sont plus susceptibles de souffrir d'une ischémie myocardique, c'est-à-dire un manque d'oxygène du tissu musculaire. Elles ont également une augmentation plus importante de l'agrégation plaquettaire et donc plus de risque de développer des caillots sanguins. Enfin, le stress génère plus d'émotions négatives chez les femmes. Le risque serait donc plus important pour elles que pour les hommes, chez qui le stress provoque une élévation de la tension artérielle et une modification du rythme cardiaque.
 

«Les réponses physiologiques différentes au stress mental chez les hommes et les femmes ayant une maladie coronaire pourraient expliquer certaines différences liées au sexe qui ont été constatées dans cette maladie», explique le professeur François Carre, cardiologue et professeur de physiologie cardiovasculaire à Rennes. Des études complémentaires sont cependant nécessaires pour analyser les effets du stress sur le long terme. De plus, le nombre relativement faible de femmes étudiées par rapport au nombre d'hommes et surtout l'absence de groupe contrôle de sujets sains fait que l'on ne peut savoir si les modifications observées sont dues uniquement au sexe, à l'expression de la maladie ou à l'association sexe-maladie, rappelle le spécialiste. Néanmoins, le professeur Zainab Samad estime que les médecins devraient prendre en compte ces différences entre les hommes et les femmes dans la prise en charge des malades coronariens. Car, comme le rappelle la Fédération française de cardiologie, les femmes bénéficient de moins d'angiographies, de moins d'électrocardiogrammes d'effort, de moins d'angioplasties, de moins de pontages… Avec, pour conséquence, une mortalité plus élevée de 7 % par rapport aux hommes. De quoi stresser les femmes!

 

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