Elles sont rondes, elles sont belles et elles sont comme tout le monde

« Nous sommes belles, rondes, bien enveloppées et pas obèses. Nous n'encourageons ni l'obésité ni la paresse, mais le bien-être et l'épanouissement de chaque personne dans son corps. »
Cette phrase lancée par l'un des membres du jury du concours de beauté des femmes rondes organisé par l'équipe d'Ahmar bel khatt el-aarid et présenté par Malek Maktabi sur la LBCI a donné le ton de la soirée : glamour.

Pour la troisième année consécutive, Malek Maktabi a offert un espace libre aux différentes catégories hors normes des sociétés libanaise et arabe, en organisant avec un enthousiasme qu'il n'a pas cherché à cacher un concours de beauté réservé aux femmes rondes. Dans le monde arabe, c'est à lui qu'on doit cette initiative, bien avant l'Europe et les États-Unis et leur tendance à propulser au premier plan des mannequins rondes en leur offrant la couverture des magazines de mode auparavant squattées exclusivement par leurs collègues taille 36.

Au premier passage de ces candidates aux formes généreuses, qui se déhanchaient en maillot de bain, Lama Lawand, consultante en relooking, a estimé qu'il « vaut mieux faire envie que faire pitié ». Ces jeunes filles déjà actives dans le monde professionnel affichaient un sourire radieux, débordant d'optimisme et de confiance en effectuant plus tard une danse collective sur le plateau sous les yeux ravis du photographe Jean-Claude Bejjani. Ce dernier a reconnu sa part de responsabilité dans le matraquage médiatique réservé auparavant aux tailles de guêpe. Sur le banc du jury, la toute belle, svelte et athlétique actrice Carmen Lebbos a dénoncé, elle, le rôle négatif joué par les médias, qui relayaient ces diktats draconiens imposés aux femmes dès leur plus tendre enfance. Elle en a profité pour s'élever, aussi, contre l'injustice qui frappe les actrices lorsque leur corps change ou lorsqu'elles atteignent un certain âge : « Je ne comprends pas pour quelles raisons la fille ronde ne peut pas être l'héroïne de nos feuilletons, ou ne peut pas tomber amoureuse ? » s'est-elle insurgée.

En attendant, les candidates aux traits angéliques et à la tête bien faite ont eu droit à toutes les étapes qui animent les concours de beauté classiques et ont relevé le défi bien haut, déterminées à aller jusqu'au bout. Le programme, Ahmar bel khatt el-aarid, boudé et critiqué par le public il y a quelques années, a résonné en ce mercredi soir d'une toute autre manière – bien plus positive. En ces temps d'hypertensions communautaires au Liban, véhiculer, toutes proportions gardées, un tel message de tolérance et d'acceptation de l'autre dans sa forme la plus simple était particulièrement bienvenu.

La nouvelle reine de beauté format XXL a été élue grâce aux points accumulés tout au long de la cérémonie, et a gagné toute une série de cadeaux dont la valeur s'élève à 50 000 dollars. Un visage illuminé par des yeux superbement étirés avec un sourire des plus renversants, Serena Chaar a remporté le trophée parmi douze candidates devant un jury conquis par tant d'allégresse spirituelle et de beauté d'âme. Elle a succédé à la non moins belle et charismatique Jessica Sahyoun, couronnée l'année passée dans le même programme.
Il était temps que la télévision libanaise commence, comme beaucoup de médias occidentaux, à recruter des présentatrices et des animatrices rondes, qu'elle puisse devenir vectrice d'autre chose que cette course à l'anorexie et au paraître. Voilà donc une importante tranche de femmes, les belles rondes, qui peut se mettre à espérer. Espérer être traitée comme les autres – les minces...

 

 

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