350 nuances de bleu: les sublimes agapanthes de la Villa della Pergola

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Dans les jardins de la Villa della Pergola, les agapanthes, présentes par milliers, rivalisent en beauté avec la mer, le ciel et les nuages.

Les inflorescences de l'agapanthe ‘Regal Beauty', originaire de Nouvelle-Zélande, sont si lourdes qu'il faut tuteurer ses tiges avec des baguettes en bambou. Derrière, dans la pénombre, les fleurs blanches des yuccas.
 

Au printemps, les glycines de Chine ( Wisteria sinensis) recouvrent les pergolas du parc. Ruth Hardinge Hanbury, dernière propriétaire anglaise de la Villa, organisait encore, dans les années 1970, des wisteria parties pour célébrer la floraison de ces belles grimpantes.
 

Les nénuphars, ou nymphéas, figurent parmi les plantes héritées de l'ancien jardin. Abandonnées à leur sort pendant 20 ans, elles réussirent à survivre sous l'épaisse couche de feuilles mortes (plus d'un mètre!) qui avait fini par recouvrir leur bassin.
 

La Villa della Pergola fut bâtie en 1880 par William Montagu Scott McMurdo, général britannique en retraite qui servit sous la reine Victoria. Les frises décoratives, les loggias, les coupoles en faïence polychrome et les marbres qui ornent ses pièces en font une demeure historique de grand charme.
 

Le plumbago ou dentelaire du Cap ( Plumbago auriculata) est un bel arbuste dont les inflorescences retombent, ici et là, en cascades azurées d'un bleu intense.
 

Originales, les tiges bleutées du cactus cierges ( Myrtillocactus geometrizans) ressemblent à de la cire fondue. Ses petits fruits, ronds et violets comme des myrtilles, sont comestibles.
 

Près de la fontaine, les petites feuilles rondes du figuier nain rampant ( Ficus pumila) ont couvert les statues enfantines des putti.
 

Les grandes fleurs du lotus d'Orient s'élancent vers le ciel depuis les deux citernes d'eau qu'ils recouvrent de leurs larges feuilles: une solution esthétique et originale imaginée par Paolo Pejrone, le paysagiste qui a supervisé la restauration du parc.
 

L'arbre situé au centre de la photo est un pin de Wollemi ( Wollemia nobilis), l'une des espèces lvégétales les plus rares de la planète.
 

Dans la belle collection d'agrumes des jardins de la Pergola on repère ce cédrat ‘main de Bouddha' ( Citrus medica var. sarcodactylus), aromatique et décoratif. Une fois mûr, le fruit prend de jolies teintes jaune-orangé.
 

Considérée comme envahissante par les trois jardiniers qui entretiennent le parc, l'ipomée aux fleurs bleues (ici à l'assaut d'un olivier) n'en est pas moins charmante.
 

véritable fossile vivant, la fougère arborescente ( Dicksonia antartica) a des apparences trompeuses : son «tronc» est, en fait, une sorte de rhizome recouvert de petites racines aériennes.
 

Entre l'opale claire du ciel méditerranéen et le lapis-lazuli des vagues, le golfe d'Alassio, niché sur la Riviera italienne, à 80 kilomètres de la frontière française, offre à ses visiteurs une incroyable palette de bleus. Mais pour Silvia et Antonio Ricci, nés ici et grands amoureux de leur terre, ce n'était pas encore suffisant. C'est ainsi qu'ils entreprirent de restaurer pendant six ans la prestigieuse Villa della Pergola, demeure aristocratique anglaise de la fin du XIXème siècle aux allures coloniales, et ses magnifiques jardins.
 

«Cet ensemble historique était voué à la disparition, menacé par un projet visant à transformer les trois villas en appartements et le parc en parkings», confie Silvia, ancienne fonctionnaire régionale au patrimoine culturel. Une aventure qui les a amenés, elle et son mari, à retrouver la trace des familles des anciens propriétaires anglais et écossais et même de leur chauffeur, âgé de 104 ans, qui n'avait pas oublié une miette de ses virées en Rolls-Royce avec Sir Hanbury: «une rencontre mémorable!».
 

Eucalyptus bicentenaire
 

Une fois reconstruits les réseaux d'irrigation, les escaliers en pierre rose, les fontaines et les pergolas, ce parc de deux hectares a été entièrement replanté, car seuls les arbres de haute futaie avaient survécu à la période des bâtisseurs anglais. C'est le cas de cet eucalyptus bicentenaire, vénérable témoin de 4 mètres de circonférence, qui trône encore devant la frise Arts and Crafts de la façade de la villa. Sans oublier les cyprès délicieusement parfumés qui ponctuent l'horizon tels des points d'exclamation, comme le dit si bien le célèbre paysagiste Paolo Pejrone, superviseur de la restauration du parc, dans A British Dream on the Riviera. Villa della Pergola and its seasons (Éditions Mondadori, 39€).
 

Collectionneur éclectique
 

Si un parc entier pouvait participer au festival des jardins de Chaumont-sur-Loire, celui de la Villa della Pergola figurerait bien parmi les «jardins de collection» qui font le thème de cette année. On dirait le parc d'un collectionneur éclectique et insatiable: les pergolas fleuries de rosiers de Banks (Rosa banksiae) et de glycines (Wisteria) comptent déjà trente espèces de cette belle grimpante tandis que Silvia et Antonio sont déjà en quête de nouvelles variétés de passiflores.
 

La collection d'agrumes jouxte les nouveaux arrivages de cactées et succulentes, alors que quelques mètres plus bas, près d'une cascade, rayonnent dans la pénombre des essences rares comme la fougère arborescente Dicksonia antarctica et un splendide pin de Wollemi (Wollemia nobilis), espèce rare que l'on connaissait seulement sous forme de fossiles datant du Jurassique, jusqu'à ce qu'on la retrouve en 1994 dans une forêt australienne.
 

Palette de bleus
 

Mais la vraie vedette du jardin de la Villa della Pergola reste l'agapanthe, dont le nom signifie «fleur d'amour» (du grec ancien àgápê: amour et anthos: fleur). Ses délicates corolles, dont les teintes vont du bleu soutenu au blanc, unies ou striées, naines ou portées par de grandes tiges, serpentent le long des sentiers tels des nuages féeriques. Avec plus de 350 variétés, Silvia et Antonio Ricci peuvent s'enorgueillir d'avoir créé une collection unique en Europe.
 

Également présentes, d'autres espèces florales couvrent le spectre du violet au bleu clair comme le jacaranda à feuilles de mimosa (Jacaranda mimosifolia) ou la Strelitzia nicolai, cet oiseau de paradis géant au «plumage» blanc, bleu et noir… Sans oublier les plumbago du Cap, les pensées ou encore les nymphéas qui ornent les bassins jusqu'à l'ipomée aux corolles bleues de Chine, qui grimpe partout au grand dam des jardiniers. Le tout baignant dans un vert luxuriant car la propriété, riche en ressources hydriques, est approvisionnée en eau par deux sources et autant de puits.
 

Ouvert aux visiteurs sur réservation, et bénéficiant de l'organisation du réseau Grandi Giardini Italiani dont il fait partie, le parc accueille aussi des groupes scolaires. Il abrite, en outre, un restaurant et des suites de charme dédiées, chacune, à un protagoniste de l'histoire de cette fastueuse demeure. On y trouve également des objets souvenirs comme ces clubs de golf de l'ancien propriétaire, Sir Walter Hamilton Dalrymple ainsi que des peintures d'époque.
 

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