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Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours réfléchi à la vie, à l’amour, à pourquoi les gens étaient méchants entre eux, à comment apporter la paix là où mes parents s’engueulaient, à comment faire sourire maman qui était triste, à pourquoi les gens se faisaient du mal plutôt que du bien. Mon âme et mon coeur d’enfant ne comprenaient pas pourquoi les gens ne vivaient tout simplement pas en étant gentils entre eux. La méchanceté et l’injustice m’étaient insupportables, et le sont toujours.
Au fond de moi, un sentiment et une croyance immuables ont toujours habité mon coeur. La foi en l’amour, en un monde meilleur, dans la bonté de l’homme, dans la joie d’Être, dans la douceur de vivre et de partager avec des gens aimants, aimables et aimés.
Ma quête spirituelle a commencé de façon consciente à l’âge de 14 ans, après mon accident dans lequel j’ai vécu une expérience de mort imminente. Je me souviens aussi avoir eu des prises de conscience alors que j’étais bien plus jeune, par flashs.
Dès lors, je me suis constamment senti poussée sur un chemin de recherche et de découvertes. Je cherchais je ne sais quoi. J’ai reçu quelques messages très clairs qui ont guidé mon chemin, notamment à travers des faisceaux de lumière blanche qui me passaient à travers le corps, m’apportant des affirmations sur des choses qui allaient se passer dans ma vie, comme pour mon immigration au Canada en 1985, par exemple.
J’ai fini par trouver Moi. Bien des années plus tard. Moi en moi. Tout simplement, après avoir tant cherché à l’extérieur que les gens et la vie me reflètent qui je suis sans réaliser que tout me reflétait Moi. J’ai fini par réaliser que je suis en moi, pas à l’extérieur. Que ce que je vois en-dehors de moi n’est en fait que les reflets de moi-même.
Heureux les innocents*
Le chemin vers Soi, surtout au début, est ardu, long, décourageant et j’en ai parfois eu marre. L’impression souvent que, malgré tous mes efforts, ma vie n’était pas plus heureuse.
Je me disais alors « Heureux les innocents » et j’essayais alors, de toutes mes forces, de lâcher mon mental pour devenir innocente, niaiseuse, heureuse sans raison. Ça marchait quelque heures, parfois quelques jours, mais je revenais invariablement à mon chemin de croix, à ma recherche spirituelle, ma quête du bonheur, de la paix, de la joie de vivre dans une vie heureuse avec des gens heureux ; une vie vraie, juste, authentique, simple et heureuse. Je revenais à ce chemin rempli d’émotions souvent pas agréables qui m’amenaient à petits pas vers plus de sagesse et de douceur pour moi.
Je me suis rendue compte que j’ai un gros handicap : je ne peux pas être innocente. Je suis trop intelligente pour ça, trop mentale. Je n’ai pas cette qualité que j’admire chez certaines personnes, cette innocence, cette foi pure en la vie, cette croyance immuable dans le bonheur, en toute simplicité. J’aurais parfois voulu qu’on m’enlève certaines cases du cerveau pour que j’arrête de réfléchir, de tout analyser, de tout mentaliser, d’essayer de tout comprendre pour tout expliquer. Pour arrêter d’éviter de sentir mon coeur en passant tout par la tête, en fait, pensant me protéger ainsi de la possibilité d’avoir mal à mon coeur, déjà bien souffrant.
Arrêter de cheminer
Je me souviens d’un jour, fin 1989, alors que je travaillais comme assistante à l’attachée de presse du service de transport public de Montréal. Les yeux rivés sur la moquette tout en marchant, des photocopies plein les bras, j’analysais la situation qui venait de se passer avec le commis (conflits en vue…). Je me suis soudainement arrêtée en plein milieu du couloir. J’en avais tellement marre de me casser la tête avec tout ça (comment éviter les conflits et faire que tout le monde soit heureux ?) qu’un sentiment très clair est monté en moi : « Ça suffit de me casser la tête ! Ça suffit le cheminement spirituel ! Je veux vivre simplement et arrêter de tout le temps réfléchir à comment aider tout un chacun à être plus heureux et que ça ne me rende pas plus heureuse ! C’est bien beau toutes ces théories spirituelles et psycho-machin, je n’arrive pas plus vite au bonheur ! ».
Et là, j’ai décidé d’arrêter mon cheminement spirituel. Point final. J’ai tout laissé tomber pour tenter de vivre « normalement ». Bêtement normalement. Métro, boulot, dodo, conjoint, amis, etc…
Ça a duré quelques temps. Comme les trois ou quatre autres fois où j’ai voulu arrêter d’avancer sur mon chemin spirituel, alléguant que ça ne m’apportait rien de plus heureux dans ma vie.
Le point de non retour
Et puis, un jour, je ne me souviens plus pourquoi, je me suis encore une fois rendue compte que ma vie était platte, ennuyeuse, sans intérêt, sans ambition autre que d’avancer professionnellement, socialement, ce qui ne m’intéressait en fait pas du tout. Mon seul intérêt était d’avancer intérieurement, psychologiquement, spirituellement.
J’ai alors repris mon bâton de pèlerin et mon chemin intérieur.
J’ai alors aussi compris que, malgré toute ma volonté, et après l’avoir fait plusieurs fois, je reviendrais invariablement toujours sur ce cheminement intérieur et spirituel, que ça ne servait à rien de vouloir vivre autrement, « normalement », innocemment.
Ce jour de décembre 1989, j’ai accepté que j’étais arrivée à un point de non-retour. J’ai accepté que je serais toute ma vie sur un chemin de recherche psycho-spirituelle. Que je ne m’arrêterais plus jamais de réfléchir à la vie, à l’amour et au bonheur car c’était ça, ma passion, cet espoir ultime du bonheur, qui m’animait au plus profond de moi… qui m’anime et me fascine toujours autant.
Le bonheur sur le chemin
Aujourd’hui, je peux dire que j’ai réalisé beaucoup de rêves dans ma vie et que je suis encore en train d’en réaliser d’autres, comme celui de voyager et de retourner bientôt en Inde, un rêve que je chéris depuis mon retour de ce pays mythique en 1982. Et puis, cet autre rêve que j’avais depuis 25 ans d’animer un jour des stages de cheminement personnel, ce que je fais depuis maintenant un an avec tellement de bonheur.
Si j’avais vraiment arrêté mon cheminement, si j’avais réussi à arrêter de penser, d’analyser, de vouloir tout comprendre, en 1989 ou avant, je serais peut-être devenue innocente mais je serais probablement toujours en train de charrier des photocopies et de travailler pour les autres à une job que je n’aime pas. Je n’aurais pas découvert tous les bonheurs que la vie m’apporte chaque jour à travers les prises de conscience quotidiennes, avec les reflets que les gens me renvoient, avec les cadeaux que je reçois souvent sans m’en rendre compte, sans m’y attendre, avec l’amour des gens que j’aime et qui m’aiment.
Avec les années, je suis devenue de plus en plus « innocente » car je prends la vie de façon beaucoup plus légère et agréable qu’il n’y a encore pas si longtemps. La différence, c’est que c’est une innocence consciente qui rend heureux. Tout simplement
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