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Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI
Une personne sur cinq, qu'elle soit diabétique, hypertendue ou obèse, continue néanmoins de fumer.
Plus personne n'ignore les effets néfastes du tabac pour le cœur. Et pourtant, depuis une dizaine d'années, le taux de fumeurs ne diminue pas chez les personnes connues comme étant à risque cardiovasculaire. Elles sont toujours près de 20% à fumer, parmi lesquelles un tiers déclare aujourd'hui ne pas vouloir arrêter. Pis, elles n'étaient qu'un quart six ans auparavant.
C'est ce que révèlent les derniers résultats de l'étude Euroaspire présentés lors du dernier congrès européen de cardiologie.
Euroaspire est une série d'études observationnelles en cardiologie menées depuis 1995 dans une dizaine de pays européens, dont la France. Jusqu'à présent, les chercheurs s'étaient intéressés à la prévention secondaire des patients coronariens, c'est-à-dire à la prise en charge des personnes ayant déjà eu un problème cardiaque.
Ces nouveaux travaux se sont penchés sur la prévention primaire (autrement dit, avant tout accident cardiaque) des personnes à risque cardiovasculaire: diabétiques, obèses, hypertendus. «L'évolution du paysage de la prévention secondaire ressemble à celui de la prévention primaire: l'obésité ne diminue pas, les valeurs cibles pour l'hypertension et le cholestérol ne sont pas atteintes et les fumeurs n'ont pas arrêté», constate Philippe Amouyel, professeur d'épidémiologie et de santé publique à Lille, investigateur d'Euroaspire (La France n'a cependant pas participé à ces derniers travaux).
En clair, la prise en charge des personnes à risque, qui sont donc les plus susceptibles de faire un arrêt cardiaque est loin d'être optimale. En France, quelque 56.000 personnes sont hospitalisées pour un infarctus du myocarde, qui demeure l'une des principales causes de décès. Or de nombreuses études ont démontré qu'améliorer l'hygiène de vie permettrait de diminuer considérablement le nombre d'infarctus.
Irréductibles
«Mais c'est contraignant et difficile de modifier un comportement. Il est plus facile de prendre un médicament», explique le Pr Philippe Amouyel. Faire maigrir durablement une population va en effet demander du temps. En revanche, on pourrait croire qu'inciter une population à risque d'arrêter de fumer est plus aisé.
Le nombre de fumeurs dans la population générale a d'ailleurs diminué ces dernières années. Alors pourquoi reste-t-il un pourcentage d'irréductibles parmi les plus fragiles? Surtout lorsque l'on sait que le risque de faire un infarctus du myocarde est multiplié par 2,5 pour 20 cigarettes par jour et par 5 pour cinquante cigarettes par jour par rapport à un non-fumeur?
«Les 34 % des fumeurs qui affirment ne pas vouloir arrêter sont sans aucun doute les plus réfractaires au sevrage. J'ai moi-même des patients que je n'arrive pas à convaincre d'arrêter de fumer alors qu'ils ont eu un accident cardiaque. Mais c'est aux professionnels de santé, médecins et pharmaciens de leur proposer systématiquement une aide au sevrage. Il ne suffit pas de leur dire “il faut arrêter de fumer”, il faut les accompagner car les fumeurs sous-estiment leur dépendance», analyse le Pr Daniel Thomas, cardiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière. Le spécialiste rappelle notamment que ces personnes sont rarement au courant que leur sevrage pourrait être partiellement pris en charge.
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