La grenade révèle une puissante molécule antivieillissement

By Touwensa Mokhtar TRIKI. juillet 12, 2016 2487

Touwensa- La grenade est réputée être un de ces aliments permettant de lutter contre les effets du vieillissement. Des chercheurs montrent que cette croyance s'appuie sur un fondement scientifique, en élucidant un mécanisme inédit.

La baie a-t-elle livré son secret ? Aucun mécanisme scientifique, hormis un taux élevé en anti-oxydants, ne permettait d'expliquer rationnellement la réputation d'aliment anti-âge de la grenade. Jusqu'à aujourd'hui. Des chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont en effet découvert un mécanisme inédit et ont publié leurs résultats dans la revue Nature Medicine. En cause, une molécule contenue dans le fruit qui, une fois transformée par les bactéries intestinales, devient capable de lutter contre les effets du vieillissement.

La mitophagie, un processus clé

Pour comprendre comment cela fonctionne, il faut revenir aux mitochondries, ces petits générateurs d'énergie dont nos cellules sont remplies. Lorsque celles-ci vieillissent, elles deviennent moins efficaces, voire dysfonctionnelles et sont alors recyclées, ce processus étant nommé la mitophagie. Avec l'âge, la mitophagie s'altère aussi ; elle devient plus lente. Les cellules restent alors avec des mitochondries en mauvais état et cela peut causer de la faiblesse musculaire, de la sarcopénie ou encore des maladies métaboliques liées à l'âge. C'est là que la grenade intervient. Le fruit possède des molécules appelées tanins ellagiques. Après ingestion, les bactéries de l'intestin transforment ces tanins ellagiques en urolithine A. Et l'urolithine A, justement, serait capable de relancer la mitophagie. "Il s'agit de la seule molécule capable de relancer le mécanisme de nettoyage des mitochondries, explique Patrick Aebisher, co-auteur de l'étude. Il s'agit d'une substance entièrement naturelle, mais son effet est puissant et mesurable". Et les scientifiques l'ont mesuré.

Des extraits d'urolithine A

Dans un premier temps, les chercheurs ont testé leur hypothèse sur le ver C. elegans, modèle d'étude plébiscité dans la recherche sur le vieillissement (à 8 jours, il est déjà un ancêtre). Une exposition à l'urolithine A a permis de prolonger sa durée de vie de plus de 45 %. Ensuite, l'expérience a également été concluante chez les rongeurs (souris et rats) avec une endurance à la course de 42 % plus élevée que dans le groupe contrôle (non exposé à la fameuse molécule). "Le fait que cela marche chez deux espèces aussi éloignées l'une de l'autre nous laisse espérer que cela fonctionne chez l'homme, ce qui est le but final de nos recherches", ajoute Johan Aumerx, co-auteur de l'étude. D'ailleurs, les essais sur l'homme ont déjà débuté dans des hôpitaux européens. Mais ne vous réjouissez pas trop vite. Tout le monde ne possède pas les bactéries capables de transformer les tanins ellagiques en urolithine A (à ce jour, une seule étude s'est intéressé à la proportion de la population pouvant le faire et le chiffre varie de 25 à... 80 %). C'est pourquoi l'idée de la startup Amazentis est de développer des extraits d'urolithine A à administrer directement. A ce jour, "les essais ont commencé sur 36 patients dans un centre hospitalier français afin de déterminer la biodisponibilité (la quantité absorbée en fonction de la dose administrée) de la molécule et son effet (évalué grâce au suivi de marqueurs d'activité mitochondriale)", explique Pénélope Andreux, responsable recherche chez Amazentis et co-auteur de l'étude.

GOÛT. En imaginant que vos bactéries intestinales soient capables de synthétiser de l'urolithine A, voici tout de même un petit conseil avant de dégoupiller la grenade. Les tanins ellagiques sont présents dans la partie jaune du fruit, le péricarpe. Exit donc les graines séchées qui n'en contiennent pas (ou très peu). Dans les jus, la teneur en tanins ellagiques dépend du type de grenade, de la partie utilisée... Pour avoir une idée de leur présence dans l'extrait du fruit que vous pouvez consommer, mieux vaut se fier au goût astringent dont ils sont responsables.

 

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