Quand l'homme fait le ménage

By Rédaction en ligne octobre 21, 2016 1248

L’autre soir j’étais crevée. Grosse journée, je me sentais à peine l’énergie de me traîner jusqu’à mon lit quand l’homme m’a dit « Va te coucher, je débarrasserai ». Pas folle la guêpe, j’ai sauté sur l’occasion. Je l’ai laissé avec la table du dîner encombrée et je suis allée me mettre au lit avec délectation. Insouciante. Le lendemain, dans le salon, sur la table basse officiellement débarrassée, trônaient majestueusement une bouteille d’eau, le moulin à poivre et une fourchette.

 

Pourquoi, mais pourquoi ???

J’ai élaboré plusieurs hypothèses. D’abord j’ai pensé que l’homme n’avait pas eu l’énergie nécessaire pour rapporter tous les objets jusqu’à la cuisine. Je vous mets à l’aise sur le trajet, on habite un 3 pièces et la cuisine est ouverte sur le salon. Distance approximative à parcourir : 1 mètre. Imaginons la scène : levage de canapé, saisie des deux assiettes, évier. Deuxième trajet, avec déjà un début de fatigue qui engourdit tous les membres de l’homme : serviettes et sets de table. Troisième trajet, l’homme puise dans ses dernières ressources : les verres et les yaourts vides atterriront bien dans la cuisine mais au prix d’un effort tel que finir la tâche est inenvisageable. Et c’est ainsi que, si près du but, l’homme renonce. Tant pis pour la bouteille d’eau, le poivre et la fourchette qui attendaient sagement d’être rangés : l’homme n’en peut plus, il a tout donné.

Autre possibilité : il a pensé que la bouteille d’eau, le poivre et la fourchette faisaient partie du décor. J’avoue que sur l’aspect déco, je ne l’ai pas vraiment laissé participer. Je me suis chargée de la quasi totalité de l’aménagement de l’appart, des bibelots aux tableaux, en passant par les bougies, les cadres, les tapis et les plantes vertes. Alors qui sait ? Peut-être a-t-il estimé que la fourchette était un élément du décor ? Un peu à la manière d’une oeuvre de Duchamp ? Une fourchette Ikea posée sur une table en bois, d’un coup il a trouvé ça sublime, il n’a pas voulu rompre le charme. Mon mec est dadaïste, c’est énorme.

Entre nous soit dit, ça expliquerait aussi le paquet de lingettes sorti pour nettoyer le salon et laissé sur le radiateur, une fois le ménage fini. C’est art contemporain à mort ça, non ?

 

Les lingettes

Les lingettes, tout un concept. Notez, c’est pratique et ça demande moins d’efforts que de se munir d’un chiffon et de vaporiser de l’anti-poussière. Whaouh, rien que de l’évoquer, je suis épuisée.... Donc l’homme est très consommateur de lingettes. Il en utilise tellement qu’à mon avis, St Marc est à deux doigts de nous appeler pour nous proposer de devenir actionnaires. Mon fou de la lingette la dégaine à la moindre occasion. Un meuble, un objet, il sort son morceau (si je puis m’exprimer ainsi) imprégné de produits chimiques parfumés et il le passe sur tout ce qui dépasse. Quelque soit le matériau. Plastique, verre, bois, peu importe, il passe sa lingette partout dans l’appartement, avec application et d’un air pénétré, comme s’il caressait un chat angora très rare. C’est beau à regarder, assez poétique.

En revanche, si l’objet n’est pas à la hauteur de l’homme, il ne sera pas nettoyé. Pour les étagères c’est un problème par exemple. Celles qui sont à hauteur d’homme sont propres, mais toutes celles qui sont au-dessus ou en-dessous n’ont pas été caressées depuis un bon moment.

Quant à l’aspirateur, c’est tout un poème. Pour le passer dans l’appartement, il déplace les meubles. Tous les meubles. L’homme est un perfectionniste et il aime débusquer le mouton dans les moindres recoins de l’appartement. Alors il pousse les enceintes, il déloge les tabourets rangés sous le canapé, il tire la table basse et en avant Guingamp ! L’aspirateur fonctionne à plein régime, l’appart est sens dessus dessous, on sent que l’homme donne beaucoup de lui-même. Une fois la tâche effectuée, il range l’aspirateur. Et le reste de l‘appart ? Non, il laisse tout quel tel, ambiance performance artistique.

 

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