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Touwensa(Agences). Mokhtar TRIKI
Samia Ghali, 45 ans, a grandi dans les quartiers Nord de Marseille, une vie de "misère", avant d'entrer en politique à l'âge de 16 ans et de gravir les échelons jusqu'à la mairie du 8e secteur et le Sénat.
Avec son caractère bien trempé et son franc-parler, la benjamine des primaires a été propulsée au devant de la scène à l'été 2012, avec son appel à l'armée pour lutter contre le trafic de drogue dans les cités et depuis, a souvent fait la une pour ses positions critiques vis-à-vis du gouvernement.
"Un parcours atypique et un discours de vérité" qui séduisent les Marseillais et la démarquent des autres élus, assure-t-on dans son entourage.
Née le 10 juin 1968 à Marseille, Samia Ghali échappe à l'âge de six mois à la mort pour cause de malnutrition.
Elle est élevée par ses grands-parents, des immigrés algériens, dans la cité Bassens, au milieu d'une population maghrébine avec quelques gitans. Un père absent, une mère qui la délaisse: "On me nommait +Letema+. Soit, en arabe, l'orpheline", raconte-t-elle dans son autobiographie +la Marseillaise+, évoquant "une souffrance profonde".
De cette vie de "misère", "paradoxalement heureuse", elle dit avoir hérité "la ténacité" car "pour survivre, il faut serrer les poings".
Adolescente dans une autre cité difficile, Campagne Lévêque, elle assiste, impuissante, aux ravages de la drogue qui décime ses amis. "Moi les diplômes, c'est dans la rue que je les ai obtenus", se targue Samia Ghali qui a arrêté ses études après un CAP de secrétariat-comptabilité.
A 16 ans, elle se rend à sa première réunion politique, avec à la tribune un certain Patrick Mennucci.
Prise par le "virus", elle entame son ascension: conseillère d'arrondissement du 8e secteur (15-16e arrondissements), celui de son enfance, en 1995, puis conseillère municipale à la mairie centrale en 2001, vice-présidente de la région en 2004, aux sports, à la jeunesse et à la vie associative, à la tête d'un budget de 28 millions d'euros.
En 2008, c'est la consécration: colistière de l'ancien homme fort du PS local, Jean-Noël Guérini, elle ravit la mairie de son secteur (près de 100.000 habitants), dès le premier tour, et accède au Sénat.
Femme de terrain avant tout - "ma seule idéologie, c'est l'action", dit-elle - cette mère de trois garçons, très proche de sa famille, cultive les paradoxes.
Enfant des quartiers Nord, la brune Samia Ghali, qui porte souvent talons hauts et vestes aux couleurs vives, jouant de son image de jolie femme, habite désormais un quartier huppé du sud de la ville.
Elle fustige le clientélisme, mais se garde de demander l'exclusion du PS de M. Guérini, mis en examen dans plusieurs affaires, assurant qu'elle n'est "ni juge, ni procureur". Et ses détracteurs la disent soutenue par le président du Conseil général.
"Trait d'union entre le nord et le sud", Samia "la courageuse", son slogan de campagne, "a su s'émanciper des vieilles pratiques marseillaises, sans cracher sur les anciens", arguent ses proches.
Il se murmure que le sénateur-maire sortant Jean-Claude Gaudin (UMP) en a fait sa favorite, persuadé que les Marseillais ne sont pas prêts à élire une femme d'origine maghrébine.
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