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FORUM DE MONTPELLIER
Pour la sociologue Nadia Leila Aissaoui, les révolutions du monde arabe ont vu naître une résistance féminine d'un genre nouveau, avec le corps pour étendard.
Nadia Leila Aissaoui sera au Forum «Le corps, quel engin !» organisé par Libération à Montpellier les 8 et 9 novembre.
Pendant les révolutions arabes, les femmes ont occupé une grande place dans l’espace public et virtuel (blogs et réseaux sociaux). Elles se sont élevées contre les régimes despotiques et ont manifesté pour signifier que la révolution ne se ferait pas sans elles.
«Ne me libère pas, je m’en charge» et «mon corps m’appartient, il n’est l’honneur de personne» sont deux slogans portés par ces femmes pour poser les termes d’une forme de résistance d’un genre nouveau. Dans le premier slogan on peut lire une affirmation des femmes à prendre en main leur émancipation. Le second slogan, renforçant le premier, matérialise l’un des instruments par lesquels cette libération s’opère : leur corps. C’est un changement subtil de posture qui fait davantage d’elles des actrices de leur affranchissement que des victimes.
Dans le monde arabe, le contrôle de la liberté des femmes est toujours passé par le corps. Couvert, caché, vierge, fécondable, c’est le lieu où se jouent des batailles politiques et idéologiques cruciales pour l’avenir. Les législations concernant les femmes ont, dans leur majorité, pour objectif de faire des femmes et de leurs corps des objets au service de l’ordre dominant. C’est la raison pour laquelle certaines ont brandi leur corps dénudé pour s’insurger contre un système patriarcal qui produit depuis toujours une violence psychologique, physique et institutionnelle inouïe à leur encontre.
Tordre le cou aux croyances
En Egypte, lorsque les militaires avaient pratiqué des tests de virginité sur les manifestantes, Samira Brahim a été la première à trouver le courage de le dénoncer. Elle a intenté une action en justice et obtenu gain de cause. Cet acte politique fort a sans doute eu un impact important dans le monde arabe et musulman puisque des initiatives inattendues de femmes ont suivi. C’est notamment sur (et grâce à) la toile qu’ont fleuri des photographies de femmes dévoilées ou dénudées de Tunisie, de Syrie, d’Egypte et d’Iran, affichant chacune à sa manière ce désir de recouvrir la pleine souveraineté sur leurs corps.
«Résiste et soulève-toi avant ton extinction !» a été un appel urgent relayé par des femmes syriennes aux femmes arabes afin qu’elles se soulèvent contre les dictatures, le conservatisme et l’extrémisme religieux. Le corps nu/dénudé exprime le pacifisme de ce combat politique car il ne porte pour seule arme que le message qu’il arbore.
Cette pratique n’est pas nouvelle dans le cadre du militantisme féministe. Elle a été utilisée par les Women’s Lib aux Etats-Unis ou le Mouvement de libération des femmes (MLF) en France vers la fin des années 60. Elle l’est cependant dans une région où il n’était pas pensable que des femmes puissent, le temps d’une photo, surmonter la peur et transgresser le tabou de la nudité. Elles ont ainsi tordu le cou aux croyances qui ont tendance à les enfermer dans la soumission et la victimisation. Elles ont aussi marqué un acte de réconciliation avec le corps refoulé et le narcissisme blessé. Le contexte des révolutions a révélé une nouvelle génération de jeunes (même si minoritaire) qui assume à la fois un féminisme égalitaire universel («Mon corps m’appartient») et une identité culturelle affirmée («il n’est l’honneur de personne»).
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