Nous nous comparons aux meilleurs parce que notre place est avec eux. La Tunisie est la nation qui depuis des millénaires s’est toujours relevé et voilà pourquoi nous nous relèverons, encore, toujours.

Nous sommes un pays pauvre mais tellement riche par son peuple, un pays condamné au savoir, à la culture, à l’innovation.. Notre seule richesse ? Nos cerveaux et nos mains. Rien ne nous est donné et voilà pourquoi nous savons nous battre. Hier, dans les bras des uns et des autres, j’ai pleuré mon bonheur de nous voir faire ce pas vers l’avant. Ça fait trois ans que je ne vis que pour cette constitution. Trois ans où pas une seconde, jamais, je n’ai perdu espoir dans mon pays.

Trois ans que nous nous battons avec mes collègues pour que vous sachiez ce qui s y passe. Parce que le pouvoir est dans le savoir. Hier nous avons publié le dernier vote. Un moment historique. Jamais de l’histoire de cette assemblée un vote n’a atteint l’approbation de 200 élus. Jamais ils n’ont ’été tous là. Hier la Tunisie a été bénie. Cette constitution n’est pas la meilleure, elle comporte en elle toute notre schizophrénie, toutes nos craintes, elle peut même être dangereuse par certains aspects. Cette constitution a aussi des articles magnifiques, révolutionnaires, inimaginables.

Ce qui est certain c’est que cette constitution est bien meilleure que celle de 1959 et comme on dit si bien en tunisien « ماهيش مزية فينا ما جيناش نطلبو». Maintenant cette constitution nous offre une tribune internationale, elle dit au monde entier que la Tunisie vaut le coup. Les médias de la planète qui nous ont descendus en flèche pendant deux ans faisant de nous un Afghanistan aujourd’hui nous encensent. Dans un sens comme dans l’autre, c’est exagéré. Profitons-en ! En dehors du contenu de la constitution sur lequel je reviendrai une fois j’aurai pris le recul nécessaire, la forme a aussi de l'impact sur notre pays. Ce n’est pas une question de faits, c’est une question de perception. Alors, oui. Profitons! Construisons notre pays, engageons-nous à tous les niveaux. Ayons la foi dans ce bout de terre qui est le nôtre. Si cette constitution ne vous plait pas, j'ai une bonne nouvelle pour vous : elle est amendable! Si vous vous sentez frustrés demandez-vous qu'est ce que vous avez raté pour l'améliorer.

Si vous êtes furieux, regardez-vous dans la glace et demandez-vous où vous étiez quand il était encore temps de l'améliorer? Nous n'avons malheureusement pas le temps de nous effondrer, relevons-nous et profitons de cette tribune que le monde nous offre à nouveau. Jamais aucun pays n'a eu une deuxième chance en un si peu laps de temps. Alors soyons à la hauteur!
 

 Amira Yahyaoui