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« La révolution tunisienne n’est pas spontanée, elle n’est pas non plus organisée ! » Le propos peut paraître troublant, contradictoire même. C’est que la situation est complexe, assure Chokri Hmed, maître de conférences de sciences politiques à l’Université Paris Dauphine, dans une conférence donnée, le 4 février 2014, au siège de l’IRMC (Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain, à Tunis, sur le thème « Une révolution de frustrés ? Politisation du mécontentement et dynamique protestataire lors de la première situation révolutionnaire en Tunisie ».
Pour l’universitaire, qui a mené en 2011 et pendant près de dix semaines une enquête de terrain sur la base d’observations et d’une centaine d’entretien à Sidi Bouzid, mais aussi à Bizerte, à Kébili,…, l’affaire est conclue : la Révolution tunisienne n’a pas été qu’une révolution de frustrés. Le chômage, la corruption, les violations des droits de l’Homme et les privations les plus diverses étaient certes bien présentes, le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid, lorsque le martyr Mohamed Bouazizi s’immole par le feu. Mais ce n’est pas suffisant.
200 tentatives d’immolations par le feu ont eu lieu en 2010
Ces éléments étaient bien là bien avant cet événement. Ils n’ont pourtant pas donné lieu à une révolution, souligne Chokri Hmed. A ce propos, le maître de conférences à l’université de Paris Dauphine fait savoir que près de 200 tentatives d’immolations par le feu ont eu lieu en 2010. Elles n’ont pourtant pas eu le même retentissement que l’immolation de Mohamed Bouazizi a eu.
Un ensemble d’éléments se sont conjugués pour donner lieu au 14 janvier 2011. A commencer par ce que Chokri Hmed appelle les « réseaux dormants » constitués pour l’essentiel des militants de l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail). Et l’universitaire d’insister sur le « rôle central de l’UGTT dont les militants constituaient le gros des troupes des comités locaux de protection de la révolution » ; « à ne pas confondre avec les ligues du même nom » précise-t-il.
Des militants rompus au combat avec les autorités. Des militants qui ont beaucoup appris des événements du bassin minier de 2008, dont ils ont été le fer de lance, qui savent, de surcroit, et être solidaires et détecter les signes de faiblesses du pouvoir. Celui-ci d’ailleurs multiplie ces signes à partir de 17 décembre 2010 : la famille de Bouazizi est reçue au Palais de Carthage, le président Ben Ali rend visite au martyr à l’hôpital des grands brulés de Ben Arous, le gouvernement entame des négociations,…
Des vidéos peuplent une partie importante des réseaux sociaux
Outre les militants syndicalistes, Chokri Hmed évoque le « rôle des jeunes, mais aussi des moins jeunes » qui ont réussi à « mieux en découdre avec la police – 8000 hommes- qu’à Redeyef, lors des événements de 2008, grâce à une connaissance du terrain ».
Les réalités du terrain sont, cela dit, pour quelque chose dans la révolution tunisienne. Le lendemain de l’immolation de Mohamed Bouazizi –le 18 décembre 2010- était un jour de marché. Un marché des plus importants du pays : « Sidi Bouzid fournit 30% des fruits et légumes du pays ». L’immolation de Mohamed Bouazizi se déroule, de surcroît, pendant les vacances scolaires et universitaires, qui connaissent un retour au bercail de nombreux jeunes qui étudient hors du gouvernorat.
L’affaire prend plus d’ampleur lorsque les chaînes satellitaires s’en saisissent. France 2, Al Jazeera et Al Arabya notamment diffusent les vidéos filmés par les portables de nombreux militants. Des vidéos qui peuplent alors une partie importante des réseaux sociaux.
Enfin, la répression va jouer un rôle d’importance. La mobilisation se fait au fur et à mesure que celle-ci prend terriblement forme. Avec des morts qui ne sont pas toujours des militants engagés dans la lutte contre le régime.
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