La mort dans l’âme !

Touwensa (Ali Zouaoui)

Aujourd’hui, 14 Janvier 2016 est une date exceptionnelle. Elle représente le cinquième anniversaire de la révolution du Jasmin. Cet événement est copieusement célébré dans les quatre coins du pays. Normalement, c’est un moment d’allégresse et de convivialité. Mais, malgré le beau temps et le soleil qui narguent un hiver hésitant, les gens n’étaient pas chauds pour prendre part à cette cérémonie. Seules quelques personnes, guidées par l’instinct grégaire ou la curiosité ordinaire, s’arrêtent, béatement, devant une troupe locale qui anime la ville, au tambour et à la trompette.

Les raisons de la réticence ou de la frilosité sont nombreuses. Cinq ans déjà et le pays est en état d’inertie. Les indicateurs sont au rouge. Les rêves les plus fous qui ont fini par poindre à l’horizon, en dépit de la peur et des déboires, cèdent la place au cauchemar et au désarroi. Le développement se fait attendre, l’inflation est galopante et l’emploi est presque néant.

L es slogans du 14 Janvier 2011 qui ont galvanisé les foules, le long de l’Avenue Habib Bourguiba et presque sur le parvis du Ministère de l’Intérieur sont devenus de vaines pensées. Les soucis et les douleurs ne cessent de s’accentuer, pour faire des attentes, des espérances trompeuses. Les jeunes, comme pris en otage, sont bernés, les diplômés se nourrissent de vagues rêveries et broient du noir.

A l’intérieur du pays, la pauvreté est criante. L’Etat n’est pas conscient des obstacles économiques, sociaux, culturels et psychologiques qui finissent toujours par tarir les inspirations et freiner les initiatives. Son action politique, dans ces endroits oubliés, est insuffisante. Les instances dirigeantes sont plutôt occupées par les questions partisanes et les conciliabules des protagonistes, pour des considérations d’hégémonie et de leadership. N’est-il pas plus important de se pencher sur les moyens de contrecarrer les sombres desseins des factions qui guettent la stabilité et l’homogénéité de la Patrie ?

En somme la déception, l’emporte sur l’enchantement et la solidarité des premières heures qui ont égayé l’Avenue symbole de la Capitale. Il est grand temps de garder le cap, avec une vision et une visibilité claires pour que le pays ne perde pas le nord. Il est tout aussi urgent de protéger la Constitution de toute violation. Les dispositions des Articles phares ne doivent pas être enfreintes. Ainsi, nous pourrons entrevoir l’avenir sous de favorables auspices.

 

Ali ben Amor Zouaoui.

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