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OPIGNON- Il y a cinq ans, un jeune, journalier s’est immolé à Sidi Bouzid. Il n’a pas supporté le mépris et l’indifférence. Très récemment, un autre, diplômé s’est électrocuté à Kasserine. Il a voulu exprimer sa colère pour dénoncer une autre forme de mépris. Indépendamment du statut et du profil, nos deux victimes s’ingéniaient à s’extirper du chômage, à croitre humainement et spirituellement. Ils voulaient guérir des lésions intérieures de la nécessité et du besoin. Quelle utopie et l’aboutissement au désespoir !
Il s’agit presque des mêmes conditions objectives qui ont soulevé le pays en 2011. Aujourd’hui, le Gouvernement et l’Etat brillent par leur absence. Rien de conséquent n’a été fait dans les viviers de l’indigence afin d’aider les jeunes à décoller. Les discours emphatiques et les promesses à tour de bras se sont avérés inopérants. Kasserine est chaude, à l’instar d’un bon nombre de villes. Dans le même temps, nos instances compétentes ont du mal à sortir leurs marrons du feu. Il n’est pas toujours aisé de sortir son épingle du jeu, semble t-il. Des vocables, comme la solidarité, le patriotisme, la fraternité et bien d’autres, employés à outrance par certains députés ou ministres, qui daignent visiter ces régions de loin en loin, n’ont aucune résonance à l’heure actuelle.
Pour ces franges de notre Société qui semble fracturée, ils survivent dans un état de « solitarité ». Puisqu’on ne leur a pas donné le sentiment d’appartenir à une même famille. Ils n’ont pas été amenés à une prise de conscience collective. Il existe, pourtant, maintes façons d’agir, si l’on veut éviter ces heurts et ces frictions. Au lieu de s’agripper à des slogans, il faut instaurer des programmes, susceptibles de donner l’occasion aux jeunes et à leurs villes, villages ou faubourgs, d’être impliqués au-delà et au-dedans du développement et d’empêcher que le ressort de la réussite soit cassé. Au lieu de naviguer à vue, il faut saisir que la volonté de l’homme est affectée par le pouvoir auquel il est soumis ou par le régime politique de son pays. Il est donc vital d’agir sur les structures, qu’elles soient politiques ou d’une autre nature. Pourrait-on revoir la question du déséquilibre entre les régions du littoral, dites côtières et celles de l’intérieur ? Est-il temps d’adopter les critères d’équité, dans le partage des richesses du pays ? Tant il est d’aveu que toute faiblesse réclame protection et tout dénuement appelle secours.
Enfin, l’honnêteté impose de reconnaitre que notre pays ne dispose pas, aujourd’hui et maintenant, de toutes les ressources nécessaires aux attentes des défavorisés. Nous savons pertinemment que les caisses ont été systématiquement pillées et que les fonds sommeillent dans des banques à l’étranger, protégés par les paradis fiscaux. Davos, en Suisse, n’est-il pas le forum idéal pour plaider cette cause ? Nous espérons que Monsieur le Premier Ministre y a soulevé la question. Au lieu de ressasser le rôle du quartet et le prix Nobel, madame Bouchamaoui et consorts devraient se pencher sérieusement sur la nécessité d’assainir les secteurs vitaux de notre économie agonisante, avant de nous bercer par les sornettes des investissements et des investisseurs, qu’ils viennent du pays ou d’ailleurs.
C’est à cette condition que nous pourrons nous prémunir contre les malveillants qui nous assaillent et mettre notre patrie à l’abri des dangers du terrorisme, qui cherche à se nourrir des tensions endogènes.
Zouaoui Ali ben Amor
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