Ils veulent réformer les médias, mais personne ne saurait faire!

By Dr. Sahbi Ben Nablia janvier 26, 2016 1897

Qui fait quoi?

Pourquoi?

Où en sommes-nous?

Comment allons-nous nous en sortir ?

Des questions posées et restées sans réponse. Cinq ans après la chute des médias d’État et la victoire de la liberté de presse, le qui est connu, le où est la Tunisie, le quoi est à déterminer et le comment est le nœud du problème. Quant au pourquoi, il est défiguré.

Le qui? Il y en a plusieurs!

Les maquereaux, Madame Claude et les qawadas parlent des valeurs démocratiques maquillées par les normes et standards internationaux. Les médias doivent être libres et indépendants à l’ère de la mondialisation.

Ils oublient que la culture ne se mondialise pas.

Madame Claude est de mœurs légères, conçue sur mesure pour des gens qui n’ont jamais réussi à la « baiser », ne sait pas ce qu’elle doit faire ni où elle s’en va. Madame Claude a enfanté sans tenir compte de la politique du planning familial de Bourguiba. Quelques-uns de ses enfants sont mort-nés, d’autres sont mal formés et le reste est uniforme : même visage, même prénom et même ton, voix et tonalité. Ajoutons à la liste, les enfants nés en dehors de la maison close et ceux de l’ancienne association qui sont considérés comme étant les brebis galeuses. Chaque jour, ces enfants se bagarrent pour partager une assiette presque vide. Ces enfants ont faim, Madame Claude n’arrive pas à les rassasier. Ils risquent de la dévorer. Les enfants sont poussés à se prostituer pour survivre. Orphelins en manque de la figure du Père, les enfants de Madame Claude ont adopté le rôle de Fatma Ben Saidane dans « Halfaouine » quand, à la fin du film, elle est partie se faire faire sa piqûre.

À chaque incident, madame Claude grimpe aux rideaux et menace de se rendre chez le juge pour demander la fermeture de la maison close.

La HAICA souffre de Madame Claude. Elle lui cause du tort. Réformer les médias nécessite une vision, un plan, des stratégies et des tactiques… des couilles pour le faire. Madame Claude doit retourner sur le droit chemin. Pour réformer les médias, un code de déontologie et une ligne éditoriale doivent être établis au sein de chaque média. Il aidera Madame Claude à rester sur le droit chemin.

Pour réformer les médias, les politiques audiovisuelles doivent privilégier la production tunisienne des émissions dramatiques, des émissions de variétés et des spectacles  pour encourager les artistes tunisiens à travailler.

Une instance de régulation est de son devoir de promouvoir la production et la diffusion du contenu tunisien sous toutes ses formes. Aucune chaîne de télévision ni de radio ne se trouve obligée de respecter cette consigne. Durant le mois sacré de Ramadan nous jeûnons, alors que nos chaînes de télévision sont boulimiques. Ces dernières jeûnent les 11 mois restants, alors que nous ruminons « visuellement » le restant du mois de Ramadan. Qui rit encore aux blagues de « choufli hal » ?

La diffusion de la chanson tunisienne dans les radios privées et de service public reste tributaire et n’est pas une condition de licence ni une source de revenu pour nos artistes, qui sont dans leur majorité dans un état précaire. Soyons fidèle au proverbe tunisien qui dit «  La lanterne de Bab Menara éclaire la route aux étrangers ».

La HAICA régule les goûts des Tunisiens. Le comble est que plusieurs intellectuels, politiciens et mêmes des journalistes et artistes l’appuient dans sa démarche. Arrêter des émissions de télévision à cause des propos des invités est un précédent. Dans son décret-loi, il n’y a aucun barème pour les amendes. La HAICA, selon ses humeurs, décide d’infliger un cinquante ou cent ou deux milles dinars d’amende! Elle nous dit ce qui est bon pour nos yeux et nos cervelles. L’instance décide ce que nous abrutis, devrions regarder et choisirait pour nous. C’est la façon de faire de la censure à l’envers. Elle assure le rôle du père absent. Enfin, les enfants de Madame Claude ont retrouvé la figure du père absent.

Même dans la prostitution, il y a des vertus! Madame Claude au Canada déplore le manque de contenu canadien sur les chaînes pornographiques. L’important est l’encouragement de la production canadienne. Elle s’en fout des goûts et des valeurs. Arrêtez de nous rabâcher les oreilles avec les normes et standards internationaux. Vous êtes dans le culturel, dans le religieux, dans le bien et le mal, dans le défendu, dans l’équation de l’hypocrisie.

Pour réformer les médias, il est temps de lâcher le tutorat des goûts des Tunisiens. Laissez la liberté du choix! Les Tunisiens sont majeurs et vaccinés et savent sanctionner. Pour ne citer qu’un seul exemple, rappelez-vous les figures politiques qui n’ont pas gagné leurs élections en 2011 même si elles étaient présentes chaque soir sur tous les plateaux de télévision!

Arrivons-nous aux maquereaux, ils ont l’égo gonflé et démesuré. Ils sont jaloux de Madame Claude, car elle ne les laisse pas travailler comme bon leur semble. La maison close attire toute la clientèle et sa réputation est internationale. Les maquereaux montent sur leurs chevaux à chaque incident et menace de va-t-en-guerre. Ils veulent délimiter leur territoire et avoir un mot à dire comme les autres corporations et pourquoi pas gagner un jour une réputation à l’international.

Les maquereaux sont faux, ils puent l’odeur du poisson pourri. Ils trafiquent les chiffres, déforment les informations. Ils se promènent de rue en rue, de maison en maison, changent de look et d’orientation sexuelle et déambulent avec une arrogance qui déplume le plus beaux des paons. Des adeptes de l’ancien régime, ils rient dans leurs barbes tout en continuant de bloquer le processus de réforme des médias. Leur œil est « dur ».


Les journalistes souffrent de ces maquereaux. Leur carte de presse est émise par le gouvernement. Le Syndicat national des journalistes tunisiens exige l’obtention d’un diplôme universitaire pour demander une carte de presse.

Non! Pour réformer les médias, la carte de presse ne doit pas être limitée aux diplômés. C’est de la simple discrimination. Depuis quand il nous faut un diplôme pour être journaliste? Pour réformer les médias, le gouvernement ne doit pas se mêler à l’émission de la carte de presse. C’est l’affaire des structures qui représentent les journalistes et non le gouvernement! Oh, mon dieu, imaginez-moi, un journaliste sans carte de presse! So what, it’s a big deal?

Pour réformer les médias, ni le code pénal ni la loi contre le terrorisme ne seront les références juridiques pour juger les journalistes. Il faut repenser la question de la réputation personnelle des officiels de l’État et la limiter.  Définir le sens de la sécurité du pays. Les lois qui restreignent la liberté d’expression doivent être justifiables dans un contexte démocratique et définissent clairement les limites à respecter. Pour réformer les médias, il faut instaurer un mécanisme de dénonciation systématique par la société civile ou l’association professionnelle des agissements des maquereaux et des violences faites à l’égard des journalistes.

La cerise sur le gâteau est le qawadas. Après le 14 janvier 2011, ils ont réussi à refaire une virginité. Ils sont des hommes et des femmes, la pire espèce que la Tunisie ait connu, ils sont en concurrence avec Madame Claude et les maquereaux. C’est une spécificité culturelle. Loin du principe du pluralisme, on dénombre plus de vingt genres de qawadas. Leur nombre n’est pas important, ce qui nous intéresse c’est leur rôle dans le paysage médiatique tunisien. Ils s’interposent entre Madame Claude et les maquereaux. Ils savent écrire et lire les informations et passent maître en la matière de désinformation et de manipulation des foules. Ils conduisent des campagnes de diffamation contre les opposants et les journalistes. Mais, ils sont de l’ancienne école, leur majorité n’a pas de smartphone et pratique la propagande et la censure. Ils ne connaissent rien en communication médiatique et la communication politique. Ils jurent qu’ils sont maîtres en la matière.

Pour réformer les médias, le gouvernement doit présenter un plan détaillé et durable d’aide publique à la presse écrite et aux médias associatifs tout en assurant leur indépendance. Le journalisme citoyen est une nouvelle pratique qui doit être intégrer dans les processus de production et de diffusion de l’information des médias tunisiens.

Parlons d’indépendance, le CAJC doit être indépendant du Premier ministère et offrira aux entreprises médiatiques existantes des formations obligatoires en journalisme et en gestion des entreprises médiatiques. Sa mission doit être revue et repensée en institut des médias tunisiens dédié à la réforme. Cet institut indépendant doit inclure un observatoire national des médias tunisiens composé de représentants de la société civile et du monde académique afin d’assurer un suivi des médias. Ce nouvel institut doit être accompagné d’un centre de recherche international de médias afin de rayonner et attirer différentes compétences.

Les qawadas profitent de la misère des enfants de Madame Claude et essaient de les pousser à la débauche. Pour y remédier, il faut repenser la politique de la taxation existante afin d’assurer un financement stable aux médias. Il faut que le modèle de système de régulation unifie la télécommunication et la radiodiffusion. Une politique de l’État en matière de publicité publique doit être claire, équitable et transparente. Ça ne pourra être qu’en rédigeant un code de la publicité médiatique. Nous pourrons sauver les enfants de Madame Claude des griffes des qawadas.

Pour la réforme des médias de service public, contactez-moi!


En attendant de me contacter, un service de traitement des plaintes doit être créé et la fonction de l’Ombudsman doit être implantée au sein du service public audiovisuel.  

La HAICA est de son devoir d’établir des critères clairs et transparents sur le processus des nominations des dirigeants des médias du service public. Chaque candidat qui postule doit présenter sa vision et son plan d’action pour défendre sa candidature devant la HAICA et que cette séance soit publique. Pourquoi ne pas penser au format de la télé-réalité pour que les Tunisiens choisissent leurs dirigeants des médias de service public après la sélection de la HAICA. C’est très utopique, n’est-ce pas?...!!!!

 

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