Argentine-Suisse : Messi sur les traces de Maradona

L’Argentine devra se défaire de la Suisse, ce mardi (18h) en 1/8es de finale du Mondial, pour continuer à rêver du titre suprême. En rodage, l’Albiceleste peut toujours compter sur Lionel Messi, dont le rendement rappelle celui de son glorieux aîné.

Ressentir la pression. S'en faire une alliée, et même la savourer. Elle est peut-être là, la clé pour Lionel Messi, si brillant en club mais moins rayonnant depuis ses débuts en sélection en 2005. 42 buts en 89 rencontres plus tard, le quadruple Ballon d’Or FIFA, décevant avec le Barça cette saison, endosse à merveille son rôle de Messie. Quatre buts en trois rencontres : un bilan excellent, qui rappelle celui de Diego Maradona en 1986, année du dernier succès argentin. Une course folle achevée par un but contre la Bosnie-Herzégovine (2-1), un tir imparable dans les arrêts de jeu face à l’Iran (1-0), avant un tir surpuissant et un coup-franc majestueux contre le Nigéria (3-2).

 

Premier Argentin à marquer lors des trois matches du premier tour, depuis Orestes Omar Corbatta en 1958, « la Pulga » est aussi le premier à inscrire un but sur un coup franc direct depuis Daniel Passarella lors du Mondial 1982. Si bien que le petit génie catalan, adopté (enfin) par son pays natal qu’il a quitté à seulement 13 ans, semble se défaire de cet héritage pesant pour se muer en leader incontesté. « Il est dans un état de grâce », témoigne son coéquipier Javier Mascherano. « Il est venu de Jupiter », complète le sélectionneur nigérian Stephen Keshi, impassible devant cette énième performance de haut vol. Le temps du Messi timide en sélection, auteur d’un petit but lors du Mondial 2006, suivi d’une page blanche en 2010, a laissé place à une nouvelle ère. Celle de la « Messi-dépendance ».
 

Rester lui-même

Un constat qui peine tout de même à masquer les performances en demi-teinte de certains de ses coéquipiers, ainsi qu’un jeu balbutiant depuis le début du Mondial. Arrivé blessé de Naples, Gonzalo Higuain n'a disputé aucun match entier ni marqué le moindre but, loin de sa forme en club cette saison. Outre un « Pipita » méconnaissable, Sergio Aguero est blessé pour la rencontre face à la Suisse et devrait céder sa place au Parisien Ezequiel Lavezzi. Angel Di Maria est pour le moment son seul lieutenant à la hauteur des attentes. En dehors de Lionel Messi, évidemment. Avec son nouveau visage conquérant, le numéro 10 argentin n’a qu’une ambition en tête : guider son pays vers le Maracaña, le 13 juillet prochain. Encore plus qu’à Barcelone, où il peut se reposer sur Andres Iniesta ou Neymar, le joueur d’1m69 pour 67kg doit supporter cette pression de tout un peuple sur ses frêles épaules.

La même que Maradona il y a près de trente ans. « El pibe de oro » avait inscrit cinq buts au Mexique, réalisant un doublé en quart de finale contre l'Angleterre (2-1) puis un autre en demi-finale contre la Belgique (2-0). A lui seul, il a porté son équipe en finale. Et si face à la RFA le capitaine n'avait pas marqué, il avait délivré une passe décisive à Jorge Burruchaga pour sceller la victoire (3-2). Attention donc à ne pas se croire investi d’une mission divine pour son successeur. Faire du Messi, avant d’imiter Diego. Pour enfin entrevoir un Messi délivré.

 

Évaluer cet élément
(0 Votes)