Le grand frisson en cabriolet d'exception

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Existe-t-il des automobiles plus exclusives et plus fascinantes que la crème des berlinettes de sport et des coupés Grand Tourisme de luxe? Les découvrables, qu'elles dérivent de ces modèles ou qu'elles aient une existence propre. Que leur blason révèle un taureau, le cheval cabré qui ornait la carlingue de l'avion de Francesco Baracca, un B ailé, les armes de la ville de Stuttgart, le scarabée du dieu Khépri ou une étoile, ces véhicules exacerbent les qualités de leurs sœurs. Lamborghini Aventador, Ferrari California T, Bentley Continental GT V8 S, Aston Martin Vanquish Volante, Porsche 911 Turbo et Mercedes SL 63 AMG: toutes ces machines ensorcellent parce qu'elles ajoutent la dimension plaisir de la conduite au grand air à leurs performances et à leur caractère époustouflants.

Au volant de ces chefs-d'œuvre de puissance, les cheveux balayés par le vent, au plus près des éléments, on se découvre une inclination pour la musarderie. Les sens en éveil, on se laisse aller à goûter au plein air sans rouler très vite. Même au volant de ces reines de l'asphalte, on prend son temps. Nul besoin d'accélérer la cadence pour éprouver des sensations. Et si ces sportives décapotables entraînent quelques concessions - notamment voyager léger en raison d'un espace restreint -, la formule offre un supplément d'âme sans équivalent.
 

Lamborghini Aventador Roadster : un taureau à l'air libre
 
C'est peu dire que l'Aventador Roadster met la rue en ébullition avec ses lignes taillées à la serpe et son gabarit. Deux fois plus large (2,26 m avec les rétroviseurs) que haute (1,13 m), la bête de Sant'Agata impressionne jusqu'à son conducteur qui, assis au ras du sol, hésite parfois à se frayer un chemin au milieu d'usagers estomaqués par cette fugace apparition. L'exercice se transforme en exploit lorsque vient le stationnement.

 

Il faut alors composer avec l'absence de visibilité vers l'arrière heureusement atténuée par une caméra vidéo et une boîte robotisée dénuée de progressivité. C'est que l'Aventador est plutôt taillé pour les grands espaces que pour évoluer dans les ruelles étroites de Monaco. Abaissé de trois centimètres par rapport à la berlinette dont il dérive et donc encore plus impressionnant, le roadster Aventador conserve la transmission intégrale, l'architecture à moteur central arrière et la technologie ultrasophistiquée de sa sœur, à savoir une cellule monocoque en carbone. Pour compenser l'ablation du toit tout en préservant la rigidité, cette découvrable s'est alourdie de 50 kilos (près de 1,9 tonne). Pas de quoi perturber des performances qui défient le sens commun. Ce roadster, qui tire son nom d'un valeureux taureau qui s'est illustré dans l'arène de Saragosse en octobre 1993, appartient au clan des pur-sang.
 

Son 12 cylindres atmosphérique de 6,5 litres flirte avec la puissance d'une Formule 1: 700 ch à 8250 tr/min et un couple de 690 Nm à 5500 tr/min. Il est associé à une boîte robotisée à 7 vitesses évoluant, selon l'humeur, automatiquement ou à l'aide des palettes au volant. A chaque changement de rapport, un frisson parcourt l'échine. La puissance déferle comme les chutes d'Iguaçu. Cette violence est exacerbée en mode corsa, le plus élevé des trois modes de conduite. Ce torrent d'énergie s'accompagne du cri déchirant du V12. C'est forcément à l'air libre, la vocation de ce modèle, que les occupants profitent pleinement des intonations de cette mécanique de course. Rouler cheveux au vent se mérite. Bien que l'opération d'effeuillage ait progressé depuis le Murciélago Roadster, il est nécessaire de répéter la manœuvre à huis clos sous peine de vous ridiculiser devant vos proches.
 

Mais, à la différence d'une Bugatti Veyron, cette opération peut être réalisée tout seul. Rangées, les deux parties du toit en carbone condamnent alors le coffre avant. Cela impose de ne jamais s'éloigner de sa base, sauf à organiser une intendance. Et si le soleil joue à cache-cache, Lamborghini a tout prévu: la lunette arrière disparaît électriquement pour continuer à profiter des vocalises du V12. Pour accéder à ce mythe automobile, il faudra accepter de débourser 360000 euros.
 

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