La Tunisie compte sur les Français pour relancer son tourisme

Constitution établie, gouvernement en place... La Tunisie espère que la stabilisation de sa situation politique va permettre à une de ses principales industries, le tourisme, de repartir. Et pour cela, Tunis compte beaucoup sur le retour des Français.

Paris a bien compris le besoin de la Tunisie de voir son tourisme repartir. Il faut dire que pour l'économie tunisienne, l'arrivée d'étrangers est quasiment vitale (7% de son PIB et environ 400.000 emplois). Résultat, les plus hautes autorités françaises n'hésitent pas à appeler les Français à traverser la Méditerranée vers les rivages tunisiens. Les Français étaient en effet avant la révolution parmi les touristes les plus nombreux à se rendre en Tunisie.

François Hollande s'est quasiment transformé en agent de voyages en affirmant en avril 2014 : «Si nous pouvons aussi envoyer un message à tous ceux qui veulent visiter la Tunisie, qu’ils y viennent nombreux, car c’est un pays hospitalier, accueillant, beau et démocratique.» Quelques jours plus tard, lors d’une conférence de presse, Laurent Fabius jouait lui les GO (gentil organisateur) lançant : «J’ai décidé de passer mes congés d’été en Tunisie.»
 
Alors que la Tunisie était en pleines turbulences politiques après la chute du clan Ben Ali, le magazine Tunisie Plus avait lancé un appel : «Cet été, je vais en Tunisie» pour tenter de valoriser l'image de son pays. Aujourd'hui, le responsable du magazine, qui est aussi opérateur de tourisme en Tunisie, relance son appel «afin que 2014 soit l'année de la relance touristique, indispensable à la reprise économique qui consolidera l'instauration de la démocratie en Tunisie, pays que nous aimons tant et qui nous est si proche».

Même tonalité au gouvernement tunisien. Se réjouissant aussi du «regain d'intérêt» touristique pour son pays, le Premier ministre a appelé les Français à y revenir nombreux. «Je connais l'affection et l'amitié des Français» pour la Tunisie. «On les attend en masse dans une nouvelle Tunisie, une Tunisie  qui bouge, une Tunisie qui débat, une Tunisie qui s'exprime, mais aussi une Tunisie qui est drapée»  dans sa nouvelle et «jolie Constitution», adoptée en janvier dernier, s'est enthousiasmé Mehdi Jomaa en avril, lors d'un déplacement en France.

En tout état de cause, il a assuré que les Tunisiens seraient «heureux  d'accueillir» le ministre français des Affaires étrangères qui a promis d'y passer une partie de ses vacances. «Nous comptons énormément sur nos amis tunisiens, nous sommes à leurs côtés et d'ailleurs, là c'est plutôt anecdotique, mais pour encourager les choses j'ai dit, et je le ferai, que je passerai une partie de mes vacances en Tunisie», avait alors indiqué Laurent Fabius. «Je pense qu'il faut aussi montrer l'exemple et en plus c'est un exemple agréable», avait-il ajouté.

Les chiffres 2013 le montraient : le nombre de nuitées touristiques avait baissé entre 2010 et 2013 de plus de 15% (de 35,5 millions de nuitées à 30 millions).

 

Les Français à la traîne


Si en France, on estime que «la Tunisie confirme son retour parmi les destinations moyen courrier les plus prisées» par les Français, selon le baromètre mensuel réalisé par le Syndicat national des agences de voyage (SNAV) en France, en Tunisie, on reste plus prudent. Par rapport à 2010, la France affiche une baisse de 44,8%, en terme d'entrées touristiques sur le territoire tunisien. Pourtant, par rapport aux mauvais résultats des années qui ont suivi la révolution, les chiffres 2014 montrent un léger mieux. Le ministère du Tourisme estime que les recettes ont progressé au premier trimestre de 2,7% par rapport à 2013 et de 1,8% par rapport à 2010 (avant la révolution). En revanche, le niveau des entrées n’a toujours pas retrouvé son score de 2010. La nouvelle ministre du Tourisme Amel Karboul a ainsi jugé fin mars que la Tunisie était aujourd'hui «déjà plus sûre» et que «les marchés commençaient à frémir».

Dans cette atmosphère d'entente franco-tunisienne, certains journaux tunisiens reprochent cependant à Paris de continuer à faire peur sur la situation en Tunisie. «Dans sa rubrique "conseils aux voyageurs" sur le site de la diplomatie française, les messages ne sont pas aussi rassurants», notent-ils en citant le site du ministère français des Affaires Etrangères. Le site du quai d'Orsay affirme effectivement que «dans un contexte général d'évolution positive de la transition démocratique et de stabilisation de la situation politique et sécuritaire en Tunisie, il est recommandé de consulter régulièrement, le site de l'ambassade et du consulat général de France en Tunisie, notamment en raison de sécurité toujours en cours dans les zones frontalières. Celles-ci sont à éviter».

Reste à savoir si les Français vont suivre leur ministre des Affaires étrangères dans la casbah de Tunis ou sur les plages de Djerba et reste à savoir si Laurent Fabius reprendra le slogan : «Aider la Tunisie, c'est y aller, aimer la Tunisie c'est y retourner»...

 

 

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